PARIS CARRE DES FEUILLANTS
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CHATEAU COS D’ESTOURNEL 1949 (***)
Couleur rouge un peu tuilé.
Nez de petits fruits rouges comme la fraise ou la framboise.
Notes un peu végétales qui font penser à une récolte non égrappée.
On sent un caractère fort et une certaine austérité.
Vin assez strict avec des tannins encore bien marqués et une forte acidité.
Il semble un peu décharné et l’on voudrait un plus de volume de bouche.
A mon sens, l’âge l’a un peu affaibli, mais il plaît beaucoup aux amateurs
de vins « tendus » plutôt qu’expansifs.
CHATEAU LEOVILLE BARTON 1949 (****)
Couleur rouge légèrement tuilé.
Le nez, assez volumineux, s’exprime sur le caractère noble des vins
de cette époque.
Magnifiques notes de vanille, de tabac et de confiture de petits fruits
rouges.
Le vin est bien constitué.
Il est gras dès l’attaque et reste onctueux durant la persistance
gustative et aromatique.
Les tannins sont bien enrobés par le fruit.
La longueur est moyenne mais le vin est vraiment agréable et équilibré.
CHATEAU GRUAUD-LAROSE 1949 (***)
Couleur rouge légèrement tuilé mais avec une belle densité.
Nez assez rustique avec un côté cuir-animal bien présent.
On devine une petite acidité volatile.
Vin de forte personnalité qui impose en bouche ses tannins virils et
une acidité finale quasi violente.
Ne peut être « admis » que par des amateurs habitués aux vins vieux.
MAGNUM CHATEAU LAFLEUR 1949 (*****)
Couleur rouge un peu tuilé mais assez soutenu.
Nez très complexe et racé. Fruit dense sur la cerise.
Le boisé est extrêmement noble.
Il est tout de suite flatteur et attirant, même s’il s’exprime avec son
caractère impétueux habituel.
Vin charnu de grande concentration qui reste cependant harmonieux
jusqu’au bout.
Sa constitution est si forte que l’on pourrait craindre une finale massive
et lourde, mais ce n’est pas le cas.
Le fruit est dense et très jeune.
La longueur est extrême.
Un très grand Lafleur avec encore un long potentiel.
PETRUS 1949 (*****)
Couleur rouge superbe.
Nez marqué par le Merlot avec la truffe bien présente, comme
sur beaucoup d’autres grands Pétrus.
Le fruit est d’une pureté exceptionnelle.
Quelle élégance et quelle finesse!
Le vin est équilibré et sensuel grâce à un fruit plantureux encore
très jeune.
Les tannins sont noyés dans la chair du fruit et dans le glycérol
marqué qui confine le sucre.
La finale est rehaussée par une superbe acidité.
L’ensemble reste extrêmement juvénile: on n’y ressent pas encore
d’arômes tertiaires.
Vin de plaisir pur qui semble pouvoir exprimer encore longtemps
ses géniales qualités.
CHATEAU CHEVAL BLANC 1949 (*****)
Couleur rouge assez peu dense (comme souvent dans les millésimes
anciens de Cheval Blanc).
Le nez dévoile instantanément une nature miraculeuse qui s’exprime avec
une délicatesse angélique.
On y sent des fruits noirs extrêmement mûrs de récolte. S’y rajoutent des
notes de bois de sental, d’humus et de cacao.
Le vin est concentré, riche, voire puissant, mais ses fantastiques qualités
le préservent de la lourdeur.
Son fruit velouté est pratiquement sucré mais sa haute acidité finale lui
confère l’équilibre nécessaire.
La longueur est extrême.
C’est un vin exceptionnel qui procure le grand plaisir à l’heure actuelle,
mais qui est taillé pour durer encore très longtemps.
CHATEAU LA MISSION HAUT BRION 1949 (*****)
Couleur rouge-brun assez profond, un peu trouble.
Le nez racé et classique de ce cru s’exprime avec ses notes habituelles
de tabac et de cuir.
On y trouve aussi du nougat et de la crème fouettée.
Une touche d’acidité volatile rehausse les arômes avec un grand
bonheur.
Le vin est si charnu et si rond qu’il se rapproche fortement du style
des 1947.
L’acidité élevée perçue en finale donne une vie extraordinaire à ce
vin de grande classe.
Il semble si consistant qu’il paraît indestructible.
Les grands millésimes de Mission ne se comptent plus!
CHATEAU LAFITE-ROTHSCHILD 1949
Couleur rouge tuilé assez clair.
Le vin est très légèrement bouchonné.
On a pu cependant y discerner un Lafite fruité et élégant,
mais de structure moyenne.
CHATEAU LATOUR 1949 (****)
Couleur rouge superbe.
Nez de petits fruits rouges vifs et frais avec des herbes aromatiques
et de la fougère.
Il y a une belle race.
Le vin est dense avec une trame extrêmement serrée.
Les tannins sont très virils.
Le fruit concentré est accompagné d’une touche « cuir-animal ».
L’acidité élevée, alliée aux tannins bien jeunes encore, donne une
finale un peu stricte.
Parler de la « force » du vin de Latour n’est pas vain sur ce millésime
qui semble encore peu ouvert.
CHATEAU MOUTON-ROTHSCHILD 1949 (****)
Couleur rouge magnifique.
Nez puissant avec des arômes racés et complexes.
Notes fumées et réglissées.
Vin fort et concentré, très riche voire massif.
On y ressent bien l’alcool.
Les tannins sont restés encore assez féroces.
L’extraction marquée donne un vin de caractère fort plutôt qu’élégant.
La longueur de bouche est tout de même impressionnante.
Faut-il le carafer de nombreuses heures avant sa consommation?
HERMITAGE LA CHAPELLE
PAUL JABOULET AINE 1949 (*****)
Couleur rouge-clair (inhabituel pour une Syrah).
Nez de finesse et d’élégance.
On y trouve un fruit rouge (fraise) d’une jeunesse extraordinaire.
Le vin est rond et suave.
Son fruit est charnu et vif en même temps.
L’acidité finale vivifiante imprime une note joyeuse à cet ensemble
charmeur au possible.
L’extraction n’est pas celle que l’on retrouve sur les Syrah actuelles, mais
le raffinement et l’équilibre des composantes compensent largement.
Un moment de bonheur.
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CONCLUSIONS
1949 fut encore plus chaude en moyenne que 1947. Mais le climat de septembre ne fut pas
aussi extraordinaire que celui du plein été.
La dégustation a démontré une différence entre la rive droite et la rive gauche.
Les Merlot de la rive droite ont pu être récoltés à pleine maturité et ont donné des vins
opulents et élégants, d’un très haut niveau. Les Cabernet de la rive gauche, plus tardifs,
ont eu plus de peine à mûrir idéalement. Les vins sont donc plus stricts et plus acides.
Les trois grands crus de la rive droite ont bien démontré la qualité exceptionnelle qu’a
pu atteindre le Merlot en 1949. Que choisir entre la structure et la complexité du Lafleur
et la pureté et l’élégance du Pétrus? Deux vins extraordinaires de toute façon!
Le Cheval Blanc semble avoir développé des qualités encore plus merveilleuses et a
remporté la plupart des suffrages.
La rive gauche est plus hétéroclite.
Dans le trio des « deuxièmes crus », Léoville-Barton a marqué les amateurs par la force
de son caractère et sa grande tenue.
Mission a étonné en présentant un vin de grande classe pourvu d’une opulence
rappelant les 1947 et fut régulièrement mis dans le trio des préférences.
Lafite fut écarté à cause d’un malheureux goût de bouchon.
Latour fut beaucoup apprécié pour son caractère et sa force. Si l’on tient compte
(par exemple) du Latour 1928 toujours sur le fruit, on pourrait imaginer que ce 1949
a encore besoin de plusieurs décennies pour atteindre son apogée. Mais on peut
aussi penser que sa rigueur aura de la peine à s’assouplir. Un autre Latour 1949 bu
au début 2006 me fait plutôt pencher pour cette deuxième solution.
Mouton-Rothschild jouit d’une renommée sans égal sur ce millésime. On fut surpris
de trouver un vin marqué par une extraction prononcée et par un aspect assez massif.
Si l’on se veut optimiste, on peut imaginer que le temps n’a pas encore apprivoisé
toute la fougue de son adolescence.
La Chapelle fut une sorte de point d’orgue de cette dégustation. Il a su émerveiller le
palais par sa distinction et son fruit. Son style proche d’un grand Bourgogne aurait
trompé l’assemblée en dégustation à l’aveugle.
QUELQUES EVENEMENTS DE 1949
– L’Abbé Pierre fonde Emmaüs
– Signatures de: OTAN – Conventions de Genève – COMECON
– Proclamation de la RDA
– Arrivée de Mao Zedong au pouvoir: proclamation de République Populaire de Chine
– Première collection de Pierre Cardin
– Première exposition d’Art Brut de Dubuffet
– Mort de Marcel Cerdan et de Richard Strauss
– Naissance de Niki Lauda et de Gérard Depardieu
– Fausto Coppi gagne le Trour de France
– Début de l’ère du Prince Rainier III de Monaco