BORDEAUX 1982
1 décembre 2006
Restaurant Stirwen, Bruxelles
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CHÂTEAU LA CONSEILLANTE 1982 (***)
Couleur rouge rubis légèrement tuilé.
Nez de récolte très mûre sur le pruneau d’Hagen et le kirsch.
Beaucoup d’ampleur: on y retrouve le style Pomerol expansif et attrayant
d’une année chaude.
L’attaque est très veloutée et tendre.
L’évolution révèle un manque évident de densité.
La courte finale est stricte sur les tannins.
Le vin semble décharné et avoir dépassé son apogée.
CHÂTEAU TROTANOY 1982 (****)
Couleur rouge dense un peu tuilé.
Arômes encore un peu fermés.
On ressent des fruits noirs avec un peu de fumet, de bois doux et de cuir…
Le vin est charnu et velouté, très bien structuré.
La finale est toujours fruitée avec des tannins bien présents et une bonne
acidité.
Des notes iodées et minérales marquent agréablement la persistance
gustative et aromatique.
Excellent vin avec un beau potentiel.
CHÂTEAU LAFLEUR 1982 (*****)
Couleur rouge dense, brillant, magnifique.
Nez très fin et racé avec un fruit d’une grande pureté auquel se mêle une
touche de bois oriental.
On devine immédiatement une matière première de haut niveau.
Il semble solide et distingué en même temps.
Le vin est fortement charpenté.
Les tannins impressionnants sont bien enrobés par le fruit et le glycérol.
La persistance, sur le fruit pur et concentré, est extrêmement longue.
Grand vin qui allie l’élégance et la volupté des Pomerol à la “rigueur” des Médoc.
PETRUS 1982 (*****)
Couleur rouge légèrement “tuilé”.
Nez complexe et racé, avec des fruits très mûrs de récolte.
Très élégant et noble.
Les composantes se sont à l’heure actuelle superbement harmonisées.
Le vin est voluptueux, avec une chair dense et une bonne fraîcheur finale.
Les tannins sont fondus, mais ils ne sont de loin pas sur le déclin.
Les notes d’humus et de truffe noires qui se dégagent avec bonheur lui
octroient la complexité et la noblesse qui pouvaient lui manquer lorsqu’il était
plus jeune .
La finale est très longue.
Pour l’instant, mon plus beau Pétrus 1982.
CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1982 (*****)
Couleur rouge un peu tuilé.
Au nez, on ressent l’exubérance habituelle du Cheval Blanc avec des fruits
toniques et frais même s’ils paraissent très mûrs de récolte.
Le beau boisé vanillé se mêle à la touche orangée que l’on retrouve parfois
dans de grands vins de Toscane.
Le vin est suave, presque sucré.
Son fruit onctueux est très développé.
La très longue persistance est marquée par une haute acidité et par des tannins
bien jeunes encore.
Un très grand Cheval Blanc avec beaucoup de potentiel.
CHÂTEAU HAUT-BRION 1982 (****)
Magnifique couleur rouge rubis.
Nez complexe: fruits rouges avec un boisé vanillé très fin, notes minérales
et iodées.
Le vin est racé mais assez austère.
Les fruits rouges sont étonnamment vifs compte tenu de la maturité de la récolte.
La finale un peu alcooleuse laisse une impression de fraîcheur.
Le millésime exceptionnel nous faisait espérer un vin plus dense et plus volumineux.
C’est un excellent Haut-Brion, mais il semble légèrement en-dessous de certains
de ses pairs sur ce millésime, du moins en ce moment.
CHÂTEAU LA MISSION HAUT BRION 1982 (*****)
Couleur rouge rubis un peu tuilé.
Le caractère et l’élégance du Mission dans les plus grands millésimes
s’expriment majestueusement au nez.
On ressent un adolescent aux capacités énormes: la récolte fut miraculeuse
pour ce cru.
Un grand classique aux notes de tabac et de cuir.
Vin de haute personnalité et de grande structure.
Les composantes sont équilibrées et taillées pour durer encore des décades.
La persistance est vraiment interminable.
Un Mission d’anthologie.
CHÂTEAU PICHON LALANDE 1982 (*****)
La bouteille de cette soirée était déficiente. Voici le commentaire donné sur
un magnum bu à la même période:Couleur rouge-rubis intense.
Concentré d’arômes en tous genres: fruits mûrs, pruneau, cerise, boisé élégant,
humus et sous-bois, très flatteur et volumineux.
Vin d’une onctuosité envoûtante, avec le glycérol qui dure de l’attaque à la fin de
l’énorme rétro-olfaction, la concentration est inouïe.
C’est un vin d’anthologie, très agréable à boire maintenant, et qui va durer
longtemps grâce à sa structure.
L’exubérante nature de base semble heureusement avoir dominé tout autre
aspect extérieur.
CHÂTEAU LATOUR 1982 (*****)
Couleur rouge rubis profond très peu tuilé.
La race des grands seigneurs saute au nez.
Une grande jeunesse se dégage de cette masse fruitée: on se croirait
devant la cuve en fin de fermentation.
Ce que peut donner de mieux un Cabernet dans le Médoc se retrouve
dans ce vin.
Tout est pur et concentré avec une grande harmonie.
Le caractère viril va de pair avec la plus belle distinction.
Un Latour dans la lignée de ce qu’il a toujours produit dans les très
grands millésimes.
CHÂTEAU MOUTON-ROTHSCHILD 1982 (****)
Couleur rouge sombre un peu tuilé.
Arômes de fruits noirs et de réglisse avec beaucoup de volume.
On ressent encore le taostage de la barrique.
L’ensemble est assez massif.
Le vin est puissant et riche.
La finale part sur des notes minérales et terreuses.
Les composantes sont si généreuses qu’elles font penser à des vins plus solaires.
Pour l’instant en tous les cas, ce vin est plus marqué par sa force et son opulence
que par l’équilibre et la race.
CHÂTEAU LAFITE-ROTHSCHILD 1982 (*****)
Couleur rouge très foncé et dense.
La noblesse du cru ressort avec son habituel bois de cèdre.
On devine la récolte parfaite, très mûre et concentrée.
L’élégance est son atout majeur.
La densité de toutes les composantes est phénoménale et la subtilité du
terroir est au plus haut niveau.
L’ouverture lui confère encore plus de complexité.
C’est un Lafite de haut vol fait pour durer encore longtemps.
ERMITAGE LA CHAPELLE, JABOULET, 1982 (***)
Couleur rouge assez tuilé (plus que les Bordeaux).
Le nez est exubérant et l’on y ressent une récolte gorgée de soleil.
A l’attaque, le vin est un panier de fruits suaves et plaisants au possible.
On y trouve du cassis et de la réglisse.
L’évolution révèle des tannins un peu rustiques.
La persistance, un peu courte, est malheureusement moins enthousiasmante
que l’attaque: une légère amertume assèche le palais.
CONCLUSIONS
– Le millésime 1982 est toujours à considérer comme exceptionnel, mais la distinction entre
les bons et les meilleurs crus semble s’opérer de manière plus marquée avec le temps.
Les craintes sur le potentiel de garde du millésime peuvent parfois se confirmer sur
quelques vins. L’abondance de la récolte en est certainement la cause.
– Pour les Pomerol, Lafleur et Pétrus dominent les débats. Le caractère marqué de l’un et
l’élégance de l’autre ont de quoi entretenir les discussions de leurs défenseurs respectifs.
– A Saint-Emilion, Cheval Blanc sera certainement encore longtemps un sujet à controverse:
il semble toujours très mûr dans ses composantes mais tient le coup sans faiblir. Il faut
reconnaître que les différences assez notoires d’une bouteille à l’autre sont frappantes.
Lorsque la bouteille est parfaite, ce Cheval Blanc 1982 est extraordinaire.
– Les deux grands Graves sont fort différents l’un de l’autre. Haut-Brion semble un peu pâle
à côté de l’étoile resplendissante qu’est le Mission, “roi incontesté” de la soirée.
– Dans le Médoc, Mouton est excellent, mais Latour et Lafite sont des seigneurs incontestables
et confirment une supériorité évidente. Quant au Pichon Lalande, il est vraiment monumental
et mérite tous les éloges. Ceux qui le placent au-dessus des premiers crus pourraient bien
avoir raison.
– La Chapelle est un grand vin sans nul doute, mais je pense que 1982 a mieux réussi dans le
Bordelais que dans la vallée du Rhône.