GRANDS BORDEAUX
La Vache qui Vole / Martigny
10 décembre 2004
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CHATEAU BEYCHEVELLE 1982 (*)
Nez assez fermé.
Beaucoup de caractère.
Tabac frais, bois doux, fruits noirs.
Vin fort et corsé.
L’attaque s’avère veloutée, mais l’évolution révèle des tannins
massifs et stricts.
Touche “terreuse”.
La finale est austère.
Un Beychevelle dont la forte personnalité domine le type expansif
du millésime.
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CHATEAU CERTAN DE MAY 1982 (***)
Nez juvénile, tout dans les fruits rouges très purs.
Magnifique dentelle.
Vin de grande tenue, très équilibré.
Le fruit est concentré.
L’acidité finale apporte fraîcheur et tonus.
La persistance gustative est moins soutenue que prévu et les tannins
se révèlent un peu austères.
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CHATEAU CLINET 1989 (****)
Le nez annonce d’emblée un vin de grande classe, net et droit, avec
une forte personnalité.
Fruits noirs, boisé fin vraiment magnifique.
On devine une vinification à la hauteur de la récolte.
Vin concentré et puissant…une masse étonnante, car elle n’alourdit
pas le palais.
Fantastique présence en bouche.
Le splendide fruit est accompagné par le glycérol durant toute l’évolution
et bénéficie d’un beau soutien acide.
Grand vin avec un potentiel remarquable.
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CHATEAU LA MISSION HAUT BRION 1989 (*****)
Nez très développé, une vraie nature rayonnante qui réunit finesse
et personnalité.
Fruits très mûrs, un peu « phénolé », tabac.
Vin de velours débordant de vie.
La chair est pleine et suave.
La finale dévoile des tannins magnifiques mais « féroces » que l’âge
assagira avec bonheur.
L’acidité est étonnante, compte tenu de la maturité du fruit.
Un très grand cru pour l’avenir.
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CHATEAU HAUT-BRION 1989 (*****)
Nez d’une pureté hallucinante.
Le Haut-Brion dans sa plus grande expression.
On ressent bien une qualité de récolte parfaite.
La bouche confirme le nez…c’est un vrai bonheur.
Les composantes ne se rajoutent pas les unes aux autres comme
une simple addition: elles sont des notes qui construisent une
symphonie magistrale.
Il n’y a aucun fléchissement du début à la fin du chef d’oeuvre.
Un des plus grands millésimes de tous les temps chez Haut-Brion.
Encore pas au sommet de sa glorieuse et très longue carrière.
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CHATEAU LAFLEUR 1975 (*****)
Au nez, une plantureuse extravagance.
Fruit sur mûr, caramel au lait, chocolat fin, nougat, crème fouettée.
Le glycérol est si marqué à l’attaque que le vin semble pratiquement doux.
L’évolution dévoile des tannins somptueux et une acidité citronnée élevée
qui rend la finale tonique et nerveuse.
Cette acidité et ces tannins sont si présents qu’ils marquent fortement le
palais lors de la très longue et resplendissante persistance gustative.
Le style hors norme de ce 1975 rappelle de grands millésimes beaucoup
plus anciens. Un tout grand Lafleur.
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CHATEAU LATOUR 1959 (*****)
Nez d’une étonnante jeunesse, car aucun arôme tertiaire n’apparaît.
Fruits rouges accompagnés d’un boisé vanillé très fin.
C’est un vin représentatif du millésime: forte constitution, tannins virils,
acidité élevée…au point que le gras du fruit est un peu dominé.
Bordeaux classique dont la forte constitution ne surcharge pas le palais.
Une toute grande personnalité, bien typique de Latour.
Son sommet est atteint, mais il y restera encore de nombreuses années.
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CHATEAU LA MISSION HAUT BRION 1959 (*****)
Le nez dévoile immédiatement la personnalité de ce fameux terroir.
Race et caractère.
Nougat, cuir, “écurie”, fruits noirs.
En bouche, on est frappé par l’incroyable densité de ce vin géant.
Le fruit déborde de partout en de grandes vagues onctueuses.
Les tannins sont à la hauteur du fruit. L’acidité aussi.
La persistance est époustouflante de force et de jeunesse.
Une anthologie à attendre encore, et à passer en carafe avant le service
pour lui permettre de déployer ses qualités.
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CHATEAU CHEVAL BLANC 1929 (*****)
Couleur assez claire avec le disque bien tuilé.
C’est typique du Cheval Blanc 1929.
Le nez de fruits rouges tirant sur la framboise fait penser à un grand
Bourgogne bien mûr de récolte. Il en a aussi la finesse et la race.
La petite dose d’acidité volatile ne gênerait que le technicien peu habitué
aux grands millésimes anciens: elle ne fait que de souligner les arômes.
Le vieillissement se ressent de manière agréable et positive.
Une touche de bois oriental et de chocolat au lait élargit la palette
aromatique: c’est génial.
Le vin est doux à l’attaque: la perceptible dose de sucre en suspens est
habituelle sur de très grands millésimes extrêmement mûrs et structurés
tels 1929 ou 1947.
Grâce à sa remarquable concentration, le fruit reste onctueux en finale, mais
il est soutenu par une acidité peu commune: c’est le style de l’époque.
Toujours représentatif de l’époque: un aspect rafleux rajoute positivement de
la complexité à cet ensemble monumental.
La persistance est longue à l’extrême.
1929 est un des plus grands millésimes de Cheval Blanc, avec l’éternel 1947.
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CHATEAU LAFITE-ROTHSCHILD 1900 (*****)
Couleur magnifique d’un vieux Pinot Noir, assez claire.
Les fruits rouges vous sautent au nez immédiatement.
Les arômes sont très denses et d’une pureté angélique.
Le bois de cèdre typique des grands Lafite est là, parfait, tout en finesse.
Une petite dose d’acidité volatile accentue les composantes.
Le vin est d’une densité extrême.
Le fruit est heureusement suffisamment concentré pour soutenir une
acidité à vous affoler les papilles gustatives.
On devine une récolte très mûre avec un fruit d’une qualité extraordinaire.
C’est le type même d’un vin qui semble indestructible.
Même si le style est différent, je pense qu’il faut remonter jusqu’aux fameux
1945, 1953 ou 1959 pour retrouver un Lafite aussi resplendissant que ce 1900.
S’il n’atteint pas les sommets du mythique Margaux du même millésime, on
doit avouer qu’il nous impressionne par sa superbe.