Repas & Vins de prestige
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Restaurant Le Verre et L’Assiette
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Lyon 2 octobre 2010
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CHAMPAGNE MUMM ROSE 1955 (*****) Etonnante couleur or un peu ambré. Les arômes élégants et amples sont dominés par la sensualité du fruit très mûr. L’attaque est charnue et resplendissante. La bulle est fine et encore bien perceptible malgré l’âge. Dès l’évolution, une superbe acidité rend le vin nerveux et vivant. La finale est d’une jeunesse extraordinaire. Un grand Champagne de plaisir que l’on ne mettrait pas dans la catégorie « rosé » si dégusté à l’aveugle. |
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CHAMPAGNE BILLECART SALMON Couleur or dense. Arômes absolument fins et nobles. La note de pain grillé rappelle bien le Chardonnay. Une touche d’humus indique un début d’arômes tertiaires. Le vin est dense, fin, subtil, délicat,…une pure dentelle… Un côté iodé renforce son caractère. L’ouverture ne fait que d’amplifier ses qualités. |
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PAVILLON BLANC
DE CHÂTEAU MARGAUX 1928 (**)Au nez, on devine un vin quelque peu fatigué avec une touche oxydative. On se rapproche des vieux Graves blancs moelleux. On y retrouve des notes de rose fanée, de vieux bois, de coing, de citron confit et de cire. Le vin est riche et corsé. La finale assez sèche est marquée par la chaleur de l’alcool. J’imagine que d’autres bouteilles sont meilleures…..s’il s’en trouve. |
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MONTRACHET
MARQUIS DE LAGUICHE 1966 (*****)
Nez très dense, marqué par un caractère fort et par beaucoup de noblesse. La grandiose minéralité indique la haute naissance du cru. On devine aussi un fruit très mûr de récolte, mais il est resté dynamique.Notes de fruits exotiques et d’agrumes. Le vin est concentré sans lourdeur. Il est équilibré malgré la richesse.L’acidité lui donne une grande fraîcheur en finale. La longueur est autant exceptionnelle que la pureté du fruit.(la bouteille dégustée avait une étiquette totalement détruite. J’ai donc reconstitué une bouteille) |
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BATARD-MONTRACHET
ANDRE RAMONET 1979 (*****)
D’emblée, on est saisi par la dimension incroyable de ce vin! Les arômes sont complexes, forts et racés. Le fruit, qui ne fait que de s’amplifier à l’ouverture, part sur les agrumes mûrs et l’ananas. L’ensemble est encore très jeune. Le vin est parfait avec une trame serrée et un énorme glycérol compensé par une acidité géniale. La persistance est interminable. Une anthologie. |
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CHÂTEAU RAYAS ROUGE 1979 (**) Arômes exubérants et vivants au départ, avec des fruits rouges très mûrs et une touche de fourrure ou de cuir. Au contraire de ce que l’on aurait pu penser, à l’ouverture il devient austère. Le vin est très vif, mais il semble que c’est une acidité « métallique » qui domine. Un Rayas qui n’a pas le volume habituel. On espère qu’il s’agissait d’une bouteille déficiente. |
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CHÂTEAU MONTROSE 1921 (****) Les effluves indiquent un vin de haute personnalité d’une époque ancienne. Le fruit bien mûr de récolte part sur le pruneau d’Agen. On y ressent des notes de cuir marquées jusqu’à faire penser à l’écurie. Le vin est riche et très structuré. Les composantes sont un peu sur dimensionnées (alcool, acidité, tannins), mais tout s’assemble avec bonheur. La tenue est remarquable. |
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CLOS VOUGEOT
LIGER BELAIR MISE NICOLAS 1923 (*****)
Couleur troublée mais d’un beau rouge. Nez exubérant et sensuel de fruits sur mûrs. Notes de bois noble et de nougat. Finesse et pureté exceptionnelles. Le vin est doux à l’attaque: c’est une rondeur charnelle des plus agréables.Le fruit est si dense qu’on pourrait le mâcher. L’évolution et la finale sont rehaussées par une acidité fantastique. Un vin extraordinaire qui apporte un maximum de plaisir. |
LA MISSION HAUT BRION 1934 (*****) Un Mission de haut vol doté d’une personnalité noble et forte. Le nez part sur le bois de cèdre et la mine de crayon. Le vin est une dentelle merveilleusement fine et dense. La perfection des composantes et son harmonie le caractérisent plus que sa puissance. 1934 est un très grand millésime de Mission qui n’est pas prêt de décliner. |
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ECHEZEAUX HENRI JAYER 1966 (*****) Pureté, finesse et élégance au stade ultime! On ressent le Pinot Noir mûr de récolte (fraise) qui reste indéfiniment vivant et frais. Le vin parle de lui-même au niveau de l’harmonie et de la finesse. La rondeur apportée par le glycérol et par la chair du fruit est soutenue idéalement par la superbe acidité. Une anthologie « à la Henri Jayer », c’est tout dire! |
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CHÂTEAU TROPLONG MONDOT 1947 (****) Le nez est immédiatement marqué par la maturité du millésime. Notes de fruits noirs, de pruneau d’Agen, de café et de chocolat noir. Une petite acidité volatile accentue positivement les composantes déjà bien volumineuses: on entre dans le baroque. Le vin est concentré et riche. La longueur est extrême. |
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CÔTE RÔTIE LA MOULINE GUIGAL 1976 (*****) Nez d’une ampleur extraordinaire. Notes de cerises comme sur le Porto avec de la cendre ou de l’encre. Que l’on me pardonne de trouver tout cela autant fin que monstrueux! Le vin est d’une richesse exubérante et d’une joyeuse vitalité. |
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Y D’YQUEM 1959 (**) Couleur ambrée. Les arômes font penser à un Madeira Sercial. L’alcool est très présent. Le vin est très riche et un peu madérisé. L’ouverture lui apporte une certaine rondeur (fruits confits) et du volume. |
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VOUVRAY CLOS DU PETIT MONT M. ALLIAS 1928 (***) Nez de confits d’abricots, de mangue, de physalis… On navigue entre le botrytis et le fruit un peu moisi. Le vin est très fort et puissant, avec une acidité quasi violente. On sent du kumquat, du safran et de l’écorce de citron confite. On est décontenancé par les aspects peu habituels de ce vin. |
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CHARTREUSE JAUNE
« UNE TARRAGONE » 1921-1929 (*****)
Une Sainte Liqueur! Quelle complexité et quelle force! Tout est démesuré mais tellement parfait et concentré! La douceur du breuvage miraculeux amplifie l’infinie quantité de flaveurs que déploient les 130 plantes différentes qui ont créé cette symphonie exceptionnelle. |
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CONCLUSIONS – Les Champagne ont prouvé que, bien nés, ils ont un potentiel de garde impressionnant. Je ne saurais lequel fut mon préféré: le côté gourmand et sensuel du Mumm Rosé 1955 m’a autant plu que la perfection des composantes du Billecart-Salmon N.F. 1964. – Le Montrachet Marquis de Laguiche 1966 est une merveille au faîte de sa gloire. – Le Bâtard-Montrachet 1979 Ramonet rejoint les sommets les plus élevés: ce fut pour moi la sensation marquante de cet événement. – Le Château Montrose 1921 ne fait pas dans la dentelle, mais sa très forte personnalité nous conquiert. – Le Clos Vougeot Cuvée Liger-Belair 1923 témoigne des immenses qualités qu’une récolte pouvait atteindre à cette époque. – Mission Haut Brion 1934 entre dans les innombrables réussites de ce cru durant le 20ème siècle. – Quand Henri Jayer « réussissait » un vin, quel que soit le cru, il était un exemple du Pinot Noir idéal: son Echezeaux 1966 en est un. – La Mouline Guigal 1976 est un moment de bonheur hédoniste. On ne peut s’empêcher de penser au style des meilleurs Bordeaux de 1947. – La Chartreuse Blanche dégustée a été fabriquée à Tarragone durant les années 1921 à 1929 et mise en bouteille à Marseille. C’est une chance immense de boire une telle merveille. |
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REMERCIEMENTS Mes amis Florent Daujat et Olivier Esquer ont offert à l’occasion de ce repas-dégustation un moment inoubliable à leurs hôtes. Ils avaient préparé de longue date cet événement important afin de réunir une collection de grands vins « introuvables ». La réussite fut totale et je les remercie grandement pour leur gentillesse, leur folie hédoniste, leur sérieux dans les détails d’organisation et bien entendu pour leur sens inné du partage. Le repas servi pour accompagner cette avalanche de grands crus fut à la hauteur des prétentions vineuses. Olivier et Maryline Delbergues du Restaurant Le Verre et L’Assiette à Lyon furent les remarquables artisans de ces accords autant réussis qu’audacieux. |