VERTICALE
1998 1982 1975 1970 1964 1961
1959 1950 1949 1948 1947 1945
LAUSANNE PALACE / 2 MAI 2003
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PETRUS 1998 (****)
Couleur rouge-rubis brillant.
Nez déjà ample, avec des fruits mûrs et ronds, parfaits
de récolte.
Au boisé magnifiquement vanillé se rajoute une touche de
bois oriental (santal).
La bouche, veloutée et élégante, présente une grande pureté
de fruit.
La très longue finale, un peu iodée, est soutenue par une
belle fraîcheur.
La jeunesse du vin laisse encore transparaître la vanille
du chêne en rétro-olfaction.
Voici un Petrus élégant et délicieux.
La dentelle et le fruit du Merlot marquent plus ce millésime
que l’extraction à tout prix.
Ses qualités vont bien entendu grandir avec le temps (–> *****)
PETRUS 1982 (*****)
Couleur rouge-rubis légèrement « tuilé ».
Nez complexe et racé, sur les fruits rouges très mûrs.
Les composantes sont superbement fondues, avec beaucoup
de velours et de sensualité.
On ne perçoit pas encore d’arômes tertiaires: on reste
sur le fruit.
Le vin est voluptueux, charnu, avec une chair dense et
une bonne acidité finale.
A l’évolution, on ressent des tannins nobles et forts,
mais bien enrobés par la structure de l’ensemble.
La finale est très longue.
On est sur un grand millésime de distinction, déjà fort
agréable à boire.
Il devrait évoluer positivement sur des années encore.
PETRUS 1975 (*****)
Couleur rouge un peu « tuilé ».
Nez de fruits rouges vifs et frais.
Touche exotique (mandarine), avec de la truffe noire
et de l’humus.
On sent bien le style de l’époque, ainsi que le
millésime concentré et tannique.
Le vin est très dense, avec une trame serrée et une
acidité soutenue.
Sa structure est robuste.
Ses tannins, et son acidité citronnée en finale, lui
procurent une jeunesse remarquable.
L’ensemble donne l’impression d’une force contenue.
Un tout grand millésime, très concentré, sans être
volumineux, doté d’une haute personnalité.
PETRUS 1970 (*****)
Couleur rouge dense un peu « tuilé ».
Nez fondu, extrêmement élégant, subtil et harmonieux,
racé cependant.
Etonnamment fin pour le millésime.
Le vin est charnu, riche, crémeux, et velouté jusqu’en finale.
Le glycérol est si marqué qu’on voisine le sucre.
Il est très long et procure un intense plaisir.
Une splendeur en ce moment.
Malgré sa belle structure, il paraît plus tendre et prêt
que prévu pour un 1970.
Son potentiel est encore grand.
PETRUS 1964 (*****)
Couleur rouge sombre et profond.
Nez plein et sensuel, marqué par une grande complexité:
fruit très mûr de récolte, moka, café, bois doux, chocolat
au lait, humus, pruneau d’Agen…
Le vin est moelleux, sans aucune aspérité. Quel velours!
Les tannins sont extraordinairement fins tout en étant puissants.
Si puissants qu’on les ressent malgré la volumineuse et
onctueuse chair qui les enrobe.
La finale est très très longue, avec un fruit charnu qui
s’accroche longtemps au palais.
C’est un vin baroque et exubérant, fait pour enthousiasmer
les épicuriens.
Un tout grand millésime chez Petrus, et qui a encore de la réserve.
PETRUS 1961 (*****)
Couleur rouge un peu « tuilé ».
Nez pur, dense et complexe.
Le fruit rouge est parfait, et si jeune qu’on s’imagine
devant le raisin de la récolte.
On y discerne aussi la vanille bourbon extrêmement fine,
le sous-bois, la réglisse, le cuir…
Par certains aspects, on remarque l’évolution, et par
d’autres, pas du tout. Cela le rend « intemporel ».
Le vin est très serré à tous les niveaux.
Les tannins sont énormes, mais équilibrés par la phénoménale
concentration du fruit.
La finale est d’une grande fraîcheur.
Avec l’ouverture, il prend encore plus de volume, et devient
charnu au point de développer une « sucrosité » fine et subtile.
Ce vin est déroutant parce que, 42 ans après sa récolte,
il semble être encore dans une phase d’extrême jeunesse,
qui l’empêche de laisser éclater toute sa miraculeuse nature.
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PETRUS 1959 (*****)
Couleur rouge-rubis.
Nez fort et racé de l’époque, très nature, un peu fumé et
rustique, sur la réglisse.
A l’ouverture, il s’affine sur des notes de nougat, et prend
beaucoup d’ampleur.
C’est une personnalité aristocratique.
Le vin est pourvu d’une grande concentration, avec un glycérol
suave jusqu’à la douceur.
Les tannins virils surgissent de cette masse au moment de
la rétro-olfaction.
En finale, un aspect « rafleux » renforce son caractère déjà
bien trempé.
A nouveau un grand millésime, marqué par une forte nature
qui l’éloigne du style Pomerol.
Encore du potentiel.
PETRUS 1950 (*****)
Couleur rouge sombre.
Nez très pur et élégant.
Le fruit est encore comme au moment de la récolte qu’on
imagine quasi sur maturée.
Le grand volume et l’alcool soutenu contribuent au développement
de beaux arômes de Cognac.
Le vin est rond, suave, riche, concentré, avec une acidité
citronnée en finale.
On y ressent aussi un peu la chaleur de l’alcool.
La pureté et la fraîcheur du fruit nous font penser à un
millésime bien plus récent.
1950, année méconnue, a donné ici un vin grandiose et
fortement charpenté.
(Une première bouteille de 1950 présentait un bouchon séché
sur son tiers supérieur. Le vin révélait sensiblement les
mêmes caractéristiques, mais avec un vieillissement prématuré)
PETRUS 1949 (*****)
Couleur rouge sombre.
Nez de vrai seigneur, très racé.
On y décèle des notes terreuses et minérales, des fruits
noirs (cerise), du pruneau, de l’iode…
Le vin est concentré, avec le glycérol qui enrobe des
tannins impressionnants.
Le fruit est rond, mais très serré.
Le vin déploie une grande harmonie finale, avec une
incroyable rétro-olfaction dense et virile.
Un vin géant.
PETRUS 1948 (****)
Couleur rouge-noir sombre.
Nez « phénolé », « alcooleux », marqué par l’époque ancienne.
Beaucoup d’arômes tertiaires: fumée, champignon, cuir…
Le vin est puissant en tout, avec un alcool bien présent.
Aspect « rafleux ».
Les tannins forts, l’acidité soutenue et l’alcool contribuent
à une finale stricte et sèche.
Sa forte constitution lui permet de tenir le coup, et de
plaire aux amateurs de vins de haute personnalité.
PETRUS 1947 (*****)
Couleur rouge-rubis dense sur laquelle il est impossible
d’avancer un âge.
Au nez, c’est le miracle olfactif.
On y ressent du Porto sans l’alcool, avec un fruit d’une
densité extraordinaire et d’une pureté incomparable.
Notes de nougat, de crème fouettée, de pruneau et de myrtille.
C’est un vin hors norme, car il réussit l’impossible gageure
de réunir la concentration et la puissance sans qu’il n’y ait
de lourdeur.
Le fruit est à croquer, les tannins tapissent le palais car
ils y sont collés par le glycérol.
Le plaisir du début à la fin.
Un rêve que l’on se doit de comparer à une autre immensité:
le Cheval Blanc 1947.
Les deux vins sont à compter parmi les géants du siècle.
Procurant les mêmes sensations, le Pétrus est un peu plus
civilisé que le Cheval Blanc affichant une folie baroque
extravagante.
PETRUS 1945
Couleur rouge sombre.
Le nez est malheureusement très légèrement bouchonné.
On devine quand même la race et le style du millésime.
Des notes cuir-animal renforcent sa forte personnalité.
On découvre aussi des fruits noirs comme le cassis.
Une grande jeunesse se dégage de l’ensemble.
Le vin est concentré à l’extrême, comme le 1961.
Le fruit est dense, et la trame tannique est très serrée,
avec une haute acidité citronnée en finale.
Je pense que ce vin n’a pas terminé son évolution positive,
et que sa structure phénoménale lui assure un potentiel de
plusieurs décennies encore.
Il vaut à l’évidence (*****).
CONCLUSIONS
Cette dégustation des « meilleurs » Petrus a tenu toutes ses promesses.
Vouloir commenter de tels chefs-d’oeuvre tient de la prétention.
On doit répéter souvent les mêmes éloges. Les années de 1998 à 1961
sont marquées par le fruit et l’élégance, avec plus ou moins de
concentration. Les vins plus anciens ont des caractères plus forts,
et des concentrations extrêmes.
Plusieurs crus confirment les caractéristiques connues des millésimes:
– Le 1982 démontre bien la maturité d’une récolte qui a donné des vins flatteurs
– Le 1975 s’avère vif et frais, concentré sans être volumineux
– Le 1964 est charnu et sensuel, extrêmement agréable
– Les 1961 et 1945 sont dotés d’une structure inégalée, le rendement
de récolte l’indique bien
– Le 1959 a une superbe concentration et beaucoup de caractère,
avec du potentiel
– Le 1949 est plutôt viril et massif
– Le 1947 exprime toute la densité, le volume et l’exubérance de la récolte
Il est intéressant de noter que les millésimes plus anciens ont souvent
des couleurs plus prononcées.
La qualité de Petrus est toujours basée sur son fameux terroir, au
contraire de certains autres vins très chers, dont la qualité est plus
fondée sur le travail de cave que sur celui de la vigne.
– Toutes les bouteilles avaient encore leur bouchon d’origine et
avaient un bon niveau.
Le cocktail dînatoire fut accompagné par:
– Double Magnum de Château Haut-Brion 1986
– Johannisberg 1955 et Amigne 1955, offertes par la Cave Orsat SA à Martigny