CHATEAU AUSONE 1961 (****)
Beau rouge-rubis brillant, avec une touche tuilée sur le disque. Nez complexe de petits fruits rouges et noirs, humus, champignon, le cuir s’y mêle agréablement. Tout est délicat, en dentelle. En bouche, le gras se ressent à l’attaque, pour être ensuite dominé par un fruit vif à l’acidité citronnée. Un boisé léger accompagne le fruit sur toute la longueur. Aucune lourdeur ni dureté dans ce grand classique de l’époque. Vin très agréable qui est à son apogée. Ce Ausone 1961 n’entre pas dans la moyenne du millésime, généralement beaucoup plus corpulent et riche, mais sa délicatesse et son côté “nature” le rendent attachant.
CHATEAU CHEVAL BLANC 1964 (*) (EN MAGNUM)
Robe rouge tirant sur le noir, très dense. Au nez, récolte bien mûre et riche. Fruit noir, touche minérale et iodée, ampleur. L’habituelle exubérance de ce cru dans ce genre de millésime, fait malheureusement défaut. Grande densité et ampleur de bouche. Le velours est présent, avec des tanins très marqués. A nouveau, le fruit rond et suave semble manquer. On peut dès lors se poser la question de savoir si ce cru, servi en magnum, a encore besoin de temps pour s’arrondir (la très longue finale concentrée pourrait le faire croire), ou si une légère oxydation du flacon a provoqué cet aspect “austère” si peu habituel chez Cheval Blanc.
CHATEAU PICHON LONGUEVILLE COMTESSE 1982 (*****) (EN MAGNUM)
Robe rubis profond. Nez de poivron mûr, un peu animal tirant sur la fourrure, tout en race, en jeunesse encore. La pureté des arômes prouve un fruit récolté à maturité parfaite. Le vin est gras et rond, les tanins sont très droits. La grande qualité du fruit est d’être onctueux, tout en gardant beaucoup de fraîcheur et une belle acidité. La finale est extrêmement longue, avec des tanins qui doivent encore s’assouplir. La présence alcoolique démontre bien la richesse de base du millésime. Ce vin énorme, servi en magnum, semble devoir attendre encore pour développer toutes ses grandioses qualités.
CHATEAU LA MISSION HAUT- BRION 1975 (*****) (EN MAGNUM)
Robe rubis intense. Le nez annonce très vite une race et une densité extraordinaires. Iodé au départ, il se complexifie rapidement en donnant des arômes de fruits rouges étonnants de jeunesse. Le bois de cèdre et les épices lui confèrent beaucoup de noblesse. Tout cela est puissant sans excès. La bouche, c’est du velours du début
à la fin, malgré la force tanique et le fruit concentré. L’ensemble se complaît dans l’opulence, sans que s’y mêle une moindre lourdeur qui détruirait le plaisir de boire. La rétro-olfaction est explosive, et d’une persistance exceptionnelle. Le fruit parfait reste dense et jeune jusqu’au bout. Ce vin d’anthologie est une vraie nature. Il est tout simplement royal!
CHATEAU HAUT- BRION 1947 (*****)
La couleur est très étonnamment jeune, d’un beau rouge-rubis. Complexité exceptionnnelle au nez: fruits noirs, épices,iode, cuir, café, nougat…C’est la grande race des seigneurs de l’époque. En bouche, le fruit est dense et rond, suave jusqu’à la douceur. C’est la caractéristique de ce millésime extrêmement chaud. Mais, au contraire du Cheval Blanc qui fait penser à du Porto de par son onctuosité, la finale de ce Haut-Brion est marquée par des tanins d’une force exceptionnelle, et par une acidité qui laisse le palais frais en rétro-olfaction. Ce millésime de Haut-Brion est vraiment fameux, et sa structure lui promet une tenue encore bien longue. Son caractère bien distinct le rend un peu plus difficile d’accès que le Mission 1975, mais je le crois en tous les cas aussi grand.
HARLAN ESTATE 1994 (****)
Robe rouge-rubis très dense. Nez tout en puissance et en rondeur, fruits noirs, cerise, cassis, pruneau. La richesse alcoolique est présente. Le vin est voluptueux, onctueux. On y sent le café et le chocolat amer. La puissance l’assimile pratiquement à un Amarone de haut niveau. Le gras est si marqué que l’on se rapproche de la sensation sucrée. Vin impressionnant plus par son “immensité” que par sa classe, surtout après la noblesse des crus bordelais déjà dégustés. Ce vin californien, composé de 85% de Cabernet Sauvignon et de 15% de Merlot, est cependant à n’en pas douter un monument parmi les vins mondiaux.
CHATEAU D’YQUEM 1869 (*****)
(bouchon d’origine) Couleur ambre-noir, tout à fait habituelle des Yquem anciens. C’est déjà un spectacle en soi. Le nez est d’une finesse et d’une délicatesse fabuleuses. On y trouve le raisin sec, le chocolat au lait, le nougat, le confit d’abricot. L’âge est totalement occulté. En bouche, le vin est fabuleusement concentré et équilibré. Tout est dense sans être lourd: c’est le miracle des grands vins. La douceur s’allie à une acidité fraîche et fine. La tenue en bouche est interminable. Cet Yquem 1869 constitue un événement inoubliable dans la vie d’un amateur de vin. Je ne le considère en rien inférieur au célèbre 1861.
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