GRAND REPAS-DEGUSTATION
FRANZ KELLER / OBERBERGEN
28 novembre 2009
__________________________________________________
Pour toutes les photos de ce site
__________________________________________________
CHÂTEAU MARGAUX 1982 (****)
Les arômes sont amples et élégants, même si le caractère est bien marqué.
Les notes de bois doux et de cuir qu’on ressent sont peu habituelles de ce cru.
Le vin est riche et fort.
Les tannins sont encore très fermes.
La finale présente un aspect fumé et réglissé avec une touche iodée.
Il semble que ce vin est entré dans une phase de repli.
CHÂTEAU HAUT-BRION 1982 (****)
Les arômes présentent noblesse et élégance.
Note agréable de nougat, ce qui indique une belle maturité de récolte.
Le vin est structuré et équilibré, d’une grande pureté.
La très longue et noble finale est marquée par la touche iodée du terroir
et par des tannins encore bien serrés.
Vin encore très jeune, bien que très plaisant à l’heure actuelle.
CHATEAU MOUTON-ROTHSCHILD 1982 (*****)
Couleur très foncée.
Arômes de fruits noirs très mûrs, sur la confiture de mûre ou de sureau.
Style droit, d’une grande pureté.
Le vin est charnu et concentré, sans lourdeur.
Sa forte constitution ne l’empêche pas de rester équilibré.
La très longue finale est marquée par l’iode et par une superbe acidité.
Très grand vin en devenir.
CHATEAU LA MISSION HAUT BRION 1982 (*****)
Les arômes sont d’une énorme ampleur avec la race et la noblesse de ce cru dans
les plus grands millésimes.
On ressent un aspect « cuir-animal » accompagné par des herbes aromatiques
délicates.
Vin concentré de caractère, avec une suavité qui perdure même durant la très
longue finale.
Les tannins sont les plus nobles qui soient.
La très longue persistance laisse apparaître des fruits noirs charnus, du bois doux et
une superbe minéralité.
CHÂTEAU LAFITE-ROTHSCHILD 1982 (****)
Les arômes sont d’une finesse exceptionnelle, tout sur les fruits rouges et noirs
gorgés de soleil.
Aucun développement de notes tertiaires.
Le vin est très structuré avec une trame serrée.
La jeunesse de ce vin est incroyable.
La finale présente des petits fruits rouges avec une haute acidité.
Grand vin un peu fermé, dans une phase de repli.
CHÂTEAU COS D’ESTOURNEL 1959 (***)
Couleur rouge dense.
Magnifique développement des arômes.
Les fruits rouges bien mûrs font penser au jus frais de raisins qui viennent
d’être pressés.
Le vin est très fruité avec une acidité assez élevée en finale.
L’ensemble est agréable, mais la texture est un peu fragile.
CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1962 (***)
Splendide couleur rouge dense.
Large développement des arômes, dans le raffinement et la délicatesse.
Les notes tertiaires, avec un peu de nougat, se mêlent agréablement au fruit.
La bouche est ronde, tendre et veloutée.
C’est un vin de plaisir, plus équilibré que structuré.
CHÂTEAU AUSONE 1959 (*****)
Le nez est d’une grande fraîcheur.
La finesse est bien celle que l’on peut attendre de ce cru, avec des notes
d’herbes aromatiques délicates.
Le vin est d’une pureté absolue.
Il est « droit » et très dense, mais jamais lourd, comme dans tout grand
millésime d’Ausone.
Il maintient une ligne parfaite jusqu’à la fin de la très longue persistance.
Quelle classe!
CHÂTEAU HAUT-BRION 1961 (*****)
(même commentaire que la bouteille bue le 16 octobre)
Race, force, noblesse, complexité….
Les fruits noirs concentrés sont accompagnés par des notes de cacao torréfié,
de café, de nougat, de cuir….
Le vin est onctueux, avec une chair voluptueuse à croquer.
La concentration est phénoménale, au point de rendre le vin quasi épais.
C’est une masse fabuleuse qui prend possession du palais pour son plus
grand plaisir.
La force des tannins est noyée dans le volume du fruit.
Malgré cette puissance, le vin reste équilibré et sans lourdeur.
Une anthologie.
Les vins commentés ci-dessous ont accompagné le repas qui suivit la dégustation
CHÂTEAU PICHON COMTESSE 1989 (****)
Vin pur, concentré et très tannique encore.
Il est impressionnant grâce à sa grande base, mais encore trop jeune.
CHÂTEAU CLINET 1989 (*****)
Grandiose vin quasi spectaculaire de par sa concentration.
On sent que tout a été suivi de manière exemplaire pour en faire un vin impressionnant.
Il est donc évident qu’il est encore bien trop jeune.
CHÂTEAU HAUT-BRION 1990 (*****)
(même commentaire que la bouteille bue le 16 octobre)
Même s’il est d’une insolente jeunesse, ce Haut-Brion 1990 dévoile bien plus ses fabuleux atouts
que le Lafite du même millésime. Franchement, je crois qu’il serait difficile de le trouver inférieur
au mythique 1989 si dégustés à l’aveugle.
C’est une merveille qui ressemble au 1961, en beaucoup plus jeune bien entendu.
CHÂTEAU LATOUR 1990 (****)
Vin « énorme » à tous les niveaux. Son ampleur et sa puissance sont impressionnantes.
Les tannins sont musclés et l’alcool bien présent.
En ce moment en tous les cas, il se présente comme un adolescent qui a du mal à se contenir.
CHÂTEAU LATOUR 1970 (*****)
1970 est sans conteste un grand millésime chez Latour. Il en possède la force habituelle et cette
capacité à garder une jeunesse étonnante sur des décennies.
C’est un vin de caractère et de force, en début de carrière.
CONCLUSIONS
– Une première série comprenant cinq des meilleurs vins bordelais de l’année 1982 a permis de faire
le point « actuel » sur ces crus et sur ce millésime qui demeure de toute façon exceptionnel.
– Ces vins sont, 27 ans après la récolte, dans une phase d’extrême jeunesse, voire de repli. 1982 fut
pourtant un millésime très abondant. Cela peut calmer l’inquiétude de ceux qui ont eu peur d’un déficit
au niveau de la garde. Il faut savoir que tous les grands millésimes ont des périodes de repli et d’ouverture
pouvant se répéter sur plusieurs décennies. Mouton et Mission furent particulièrement impressionnants.
– Cos d’Estournel 1959 fut un peu décevant, mais on ose espérer trouver de meilleures bouteilles que
celle dégustée.
– Cheval Blanc a produit un 1962 assez léger.
– La période 1950-1960 fut particulièrement favorable à Ausone. 1959 complète une série grandiose
avec 1953, 1955, 1961, 1962 et 1964.
– Haut-Brion 1961 reste une apothéose chaque fois qu’il est présenté lors d’un événement.