26 avril 2009
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1976 – 1975 – 1971 – 1970 – 1967 – 1966 – 1955
1950 – 1948 – 1945 – 1925 – 1921 – 1920 |
CHÂTEAU D’YQUEM 1976 (*****) Couleur or dense un peu ambré. Nez très ample et élégant. On ressent des fruits très confits de récolte (abricot principalement), des raisins de Corinthe et une touche de Cognac. Le vin est concentré et équilibré avec une parfaite sucrosité de sucre candi. On trouve aussi de la noix, de la menthe et un peu d’humus en finale. L’acidité est bien présente, mais le vin est rond et velouté du début à la fin. |
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CHÂTEAU D’YQUEM 1975 (*****) Couleur or dense un peu ambré. Nez d’une finesse et d’une complexité exceptionnelles: botrytis “rôti”, confit d’abricot et de mandarine, thé noir, noix de coco, crème fraîche, caramel…. La bouche très dense est vivifiée par une acidité grandiose. On est sur une pure dentelle qui se prolonge interminablement à la persistance. |
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CHÂTEAU D’YQUEM 1971 (**???) Couleur or un peu ambré. Au nez, ce sont les arômes tertiaires d’humus et de terre qui dominent. Le vin est concentré, vif et très long. On devine un grand Yquem mais la rusticité de ce vin dénonce évidemment une bouteille pas parfaite. |
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CHÂTEAU D’YQUEM 1970 (****) Couleur or ambré. Arômes amples et élégants. On sent une récolte très confite (abricot sec) avec de la vanille et un peu de Cognac ou de Whisky. Le vin est riche, corsé et très doux. Il semble au sommet de ses moyens. La petite chaleur d’alcool ressentie à l’olfaction se confirme sur la finale un peu plus courte que sur les 1976 et 1975. C’est de toute façon un Yquem très beau niveau. |
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CHÂTEAU D’YQUEM 1967 (*****) Couleur or magnifiquement ambré. Au nez: finesse, race, ampleur, pureté fantastique et complexité exceptionnelle. On ressent des fruits confits (abricot, mirabelle, coing), des épices fines (safran), du miel, du caramel, de la vanille bourbon,… Le vin est simplement parfait. Il est très dense mais sans lourdeur, et doté d’un équilibre exceptionnel. La finale est extrêmement longue et vive, sur le citron vert et la menthe fraîche. |
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CHÂTEAU D’YQUEM 1966 (****) Couleur ambrée. Nez de fruits confits accompagnés par des arômes tertiaires très agréables. Le vin est racé avec une bonne densité. Il bénéficie d’un vieillissement “positif” et d’une douceur équilibrée. La finale est encore très fraîche avec des notes de menthe et d’orange amère. Le soutien alcoolique n’est pas discret. C’est un Yquem d’excellent niveau qui atteint tranquillement son summum. |
CHÂTEAU D’YQUEM 1955 (*****) Couleur ambrée. Nez élégant et ample, très pur. La complexité s’exprime, entre autres, par des notes de fruits très mûrs, de raisins secs, de noix, de coing… Le vin est doté d’un grand équilibre. La magnifique douceur de sucre candi est balancée par une acidité “affolante” de bonbon acidulé. La très très longue finale est marquée par une superbe minéralité et par une jeunesse exceptionnelle. |
CHÂTEAU D’YQUEM 1950 (****) Couleur ambrée. Nez “classique” et ample, marqué par des fruits très mûrs de récolte et un caractère bien présent. Notes de nougat, de caramel et de raisins secs. Le vin est riche et corsé, même puissant. La finale, fortement soutenue par l’alcool, semble un peu plus courte que sur les autres grands millésimes. Par contre, malgré son âge, ce vin a une tenue exceptionnelle. |
CHÂTEAU D’YQUEM 1948 (*****) Couleur bien ambrée. Nez très élégant et noble avec de la vanille fine, du nougat et du caramel au lait. Le vin est parfaitement équilibré sur toute la longueur de bouche et en persistance. La très jeune finale est marquée par de splendides notes d’orange, d’écorce, de citron confit et de menthe. Grandiose. Tout comme à Pomerol, 1948 a engendré un millésime exceptionnel chez Yquem. |
CHÂTEAU D’YQUEM 1945 (*****) Couleur très ambrée, vraiment sombre. Dès l’olfaction, il semble que l’on entre dans un autre monde: fabuleuses complexité, finesse, noblesse, densité et pureté… Le vin est simplement parfait à tous les niveaux. La magie est opérée par le fait que cette phénoménale concentration de saveurs ne pèse absolument pas en bouche. Il est hors norme, non pas de par sa puissance (ce que l’on trouve facilement dans beaucoup de vins modernes), mais de par sa persistance de bouche: on dirait que le vin désire se fixer dans nos papilles gustatives. C’est l’exceptionnel parmi l’exceptionnel! |
CHÂTEAU D’YQUEM 1925 (**???) Couleur très ambrée. Nez d’écorce, d’humus, de quinquina, de terre noire… Le style du vin fait plus penser à une récolte surmaturée qu’à une récolte botrytisée. Cet Yquem a moins de sucrosité que les autres. Il est pourvu d’une acidité très élevée. La bouche est marquée par des notes d’agrumes sur le pamplemousse. La finale a beaucoup de caractère. C’est un très bon vin, mais représente-t-il ce qu’est réellement l’Yquem 1925? |
CHÂTEAU D’YQUEM 1921 (*****) Couleur très ambrée, presque noire. Quel bonheur olfactif! Les arômes de fruits confits sont accompagnés par des notes d’amande, de chocolat noir, de vanille bourbon et de raisins de Corinthe. Le vin est absolument parfait de finesse, d’élégance et de densité. Il est incroyablement concentré, au point qu’il prend littéralement possession de notre palais. Un phénomène sans âge. |
CHÂTEAU D’YQUEM 1920 (**???) Couleur or bien ambré. Le nez indique malheureusement un vin déshonoré par un goût de bouchon. Le dégât causé n’est pas suffisamment marqué pour occulter certaines indéniables qualités: il est très équilibré et concentré, avec une superbe acidité et une finale mentholée. La récolte de base semble être de haute tenue. Certainement un grand millésime d’Yquem. |
CONCLUSIONS Ce merveilleux voyage gustatif “en remontant le temps” permet à nouveau de constater le bénéfice que retirent les meilleures années d’Yquem de la longue maturation en bouteilles. Les millésimes marquants les plus jeunes sont encensés à juste titre au départ. Puis arrive la fin de cette odyssée: on remonte alors du 1921 au 1945. Ils sont intemporels tant les années ne font que de se casser les dents sur eux. Puis on regoûte le 1967: on s’exclame “il est en début de carrière”! Puis le 1975: “il encore en pré-adolescence”! Sur le moment, de telles expériences nous font dire qu’un grand Yquem commence à dévoiler sa vraie splendeur après au moins 5 décennies! Puis il faut redescendre sur terre…. Le quatuor des années 1970 est de très haut niveau. 1976 et 1971 (pour une bouteille parfaite) sont des vins de plaisir à l’heure actuelle, très équilibrés. Le 1970 est quasi de même qualité, mais pour moi, un tout petit ton au-dessous au niveau de la structure. Le 1975 ressort par sa densité et par son acidité bien au-dessus de la moyenne. Il semble le plus apte à défier les années. A mon sens, c’est en l’instant le plus grand Yquem depuis 1967. En effet, les 1983, 1986, 1988,…. sont encore beaucoup trop jeunes pour que l’on puisse porter un jugement sérieux à ce sujet. Le 1967 confirme à chaque fois son fabuleux potentiel. Plus on avance, plus il monte en qualité et en perfection….et on est loin de l’apogée. On doit le considérer comme la pierre la plus importante de l’édifice Yquem de la deuxième moitié du 20ème siècle. |
1966, millésime peu connu, est remarquablement bon. Il tient parfaitement la route et apporte son lot de bonheur à l’amateur éclairé. Le trio 1955, 1950 et 1948 est sensationnel. Chacun joue sur son propre registre. 1955 est resplendissant. Sa vivacité, sa minéralité et sa grande jeunesse réjouissent le palais. 1950 est un classique avec un caractère un peu austère mais avec beaucoup de force. 1948 est d’une grande noblesse. C’est un aristocrate-né et il le restera. Je continue à considérer 1945 comme le millésime-phare du 20ème siècle chez Yquem. Il n’y a pas une qualité en lui qui ne soit pure perfection. Auprès du public, 1921 est le millésime le plus adulé (et le plus cher) du 20ème siècle. Je dois “raisonnablement” dire qu’il est aussi grand que le 1945. Le très intéressant 1925 sort du standard Yquem puisqu’il n’est pas réellement un vin liquoreux. J’espère avoir l’occasion d’en redéguster un autre pour mieux cerner ce millésime. Le 1920 a laissé deviner de grandes qualités au travers de son petit goût de bouchon. Je ne crois pas trahir la vérité en disant que les deux millésimes qui resteront le plus gravés dans la mémoire des participants sont 1945 et 1921. |