L’ILLUSTRE MILLESIME 1982
22 juin 2017
Baghera/Wines Genève
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CHAMPAGNE TAITTINGER COLLECTION 1982 (***)
Beaux arômes tertiaires accompagnés par des notes de pain grillé,
de paille et de mandarine.
Une étonnante touche de “fer mouillé” s’y mêle.
Vin équilibré avec une bonne vivacité en finale.
La structure est moyenne.
La persistance est marquée par une certaine amertume.
CORTON-CHARLEMAGNE, BOUCHARD P.& F. 1982 (**)
Nez marqué par un bouchon qui a pris de l’humidité.
C’est assez rustique.
Vin corsé et rude avec un aspect terreux.
On ose espérer que la bouteille n’était pas parfaite.
(c’était un magnum)
RIESLING CLOS STE HUNE, TRIMBACH 1982 (***)
Arômes très typés et racés avec une belle minéralité.
On ressent une personnalité forte.
Vin équilibré avec du gras à l’attaque.
L’acidité soutient heureusement l’ensemble.
La finale est marquée par le minéral.
L’ensemble manque un peu de structure et de classe.
HERMITAGE LA CHAPELLE, JABOULET 1982 (***)
Arômes élégants et amples, sur les fruits rouges avec des notes
de cuir et d’humus.
Agréable note de fourrure.
Vin rond et soyeux à l’attaque.
Les tannins et l’acidité prennent le dessus lors de l’évolution.
La finale est assez pesante et indique un manque de base.
CHATEAU LYNCH BAGES, PAUILLAC 1982 (****)
Arômes racés avec du caractère.
Le style de l’époque ressort avec du cuir et du bois doux.
Notes de bois exotique et de menthe.
Vin riche et corsé mais bien équilibré.
Les tannins sont restés très jeunes mais ils manquent un peu de pureté.
L’âge est difficile à appréhender.
Excellent sujet auquel il manque un peu de “génie”.
CHATEAU GRUAUD LAROSE, SAINT-JULIEN 1982 (*****)
Au nez, on sent un fruit parfait de récolte.
C’est très noble et pur.
Le vin est somptueux avec un gras parfait qui n’est là que pour donner
la réplique aux tannins et à l’acidité.
La texture est extraordinaire, ainsi que la fraîcheur.
La finale est tout en fruit (cerise noire) avec une jeunesse insolente.
Enorme longueur.
Un sujet vraiment exceptionnel qui démontre la qualité du millésime.
CHATEAU TROTANOY, POMEROL 1982 (*****)
Nez exubérant et joyeux.
On se croirait dans la savane avec sa vie bouillonnante.
La maturité de récolte élevée donne de la sensualité.
Le vin est somptueux dans sa rondeur et son volume.
Le fruit est quasi sucré à l’attaque mais l’acidité relève
parfaitement l’ensemble.
On devine aussi l’alcool mais il n’y a pas de déséquilibre
car la matière de base compense.
Grande longueur. C’est le grand plaisir.
CHATEAU MARGAUX, MARGAUX 1982 (***)
Nez opulent avec un fruité sur mûr de pruneau.
On y ressent un boisé vanillé.
Il manque de pureté et de droiture.
Vin riche qui semble avoir un peu vieilli.
Il y a même un déséquilibre d’alcool.
On est loin de ce que l’on pouvait attendre de ce cru.
Est-ce une bouteille qui a mal tenu?
CHATEAU LATOUR, PAUILLAC 1982 (*****)
Arômes très fins et nobles avec un fruité encore extrêmement jeune.
On est dans la dentelle, ce qui peut paraître étonnant pour du Latour.
Vin concentré avec des tannins athlétiques.
L’acidité élevée rehausse l’ensemble.
De par la force et la texture serrée, on semble en-dehors
du style “1982” qu’on attendait.
Vin de grande envergure qui est sur la pente ascendante pour longtemps encore.
CHATEAU MOUTON-ROTHSCHILD, PAUILLAC 1982 (*****)
Nez racé et fort avec un caractère marqué.
Les fruits noirs sont accompagnés par des notes de cuir et d’humus.
La densité olfactive est prenante.
Vin très concentré avec des tannins jeunes et puissants.
La charpente est exceptionnelle.
La finale est encore un peu stricte.
Sujet certainement grandiose, mais encore trop jeune.
CHATEAU LA MISSION HAUT BRION, GRAVES 1982 (*****)
Arômes nobles et aristocratiques avec un fruit parfait de récolte.
La complexité est extraordinaire: fruits noirs et rouges, tabac, truffe,
épices orientales…
Vin hors norme, de dimension supérieure car tout est là.
La bouche est soyeuse malgré la densité des composantes.
Une chose marquante est la minéralité que l’on ressent fortement et qui
fait penser à un grand Riesling allemand! Que c’est beau!
La ligne est parfaite du début à la fin.
Grandiose maintenant, mais tiendra encore longtemps.
CHATEAU PICHON LONGUEVILLE COMTESSE, PAUILLAC 1982 (****)
Arômes exubérants, même baroques.
On est sur des fruits sur mûrs (cerise noire), mais en même temps on
retrouve du poivron, signe normalement d’un manque de maturité à la récolte.
Vin riche et juteux, presque doux à l’attaque.
A nouveau, lors de la persistance, le fruit onctueux donne aussi une
impression végétale sur le lierre.
C’est très étonnant de retrouver un vin qui présente un antagonisme
aussi marquant.
Bouteille parfaite?
VEGA SICILIA UNICO, RIBERA DEL DUERO 1982 (*****)
Nez dans l’opulence et la pureté.
C’est de la dentelle avec des notes d’épices orientales.
Le fruité part sur des notes orangées.
Vin élégant et équilibré, quasi doux à l’attaque mais aussi soutenu
par une haute acidité citronnée.
L’ensemble est d’une très grande jeunesse.
La finale est marquée par du jus d’orange sanguine
et une acidité vivifiante au possible.
GRANGE, PENFOLDS 1982 (?)
Soit au nez, soit en bouche, j’y ai ressenti un bouchon qui donne
un petit moisi, et cela m’a gêné du début à la fin.
Le vin semble de toute façon être un sujet impressionnant
de force et de structure.
CHATEAU D’YQUEM 1982 (*****)
Les arômes semblent indiquer une récolte plus sur maturée que botrytisée.
C’est de la pure dentelle marquée par les écorces d’orange et la mandarine.
Le vin est d’un équilibre absolu avec une finesse exceptionnelle.
La petite douceur est parfaitement “adaptée” et donne une extrême buvabilité.
En finale, l’acidité idéale semble comme enrobée par le jus de mandarine.
La longueur est énorme malgré la densité moyenne.
PORTO QUINTA DO NOVAL NACIONAL 1982 (****)
Arômes denses avec des notes de kirsch (cerise noire en confiture),
des champignons, du café…
Vin très fort et corsé.
L’alcool est là mais tout est équilibré car il y a du fruit et de la vivacité.
Tout est excellent du début à la fin, mais on ressent bien que l’on n’est
pas sur la ligne des “Nacional” qui en ont fait la réputation.
CONCLUSIONS
– Ce tour d’horizon des 1982 a prouvé que ce millésime est bien exceptionnel
dans l’ensemble à Bordeaux. Ailleurs, cela semble plus hétéroclite.
– Les blancs du début n’ont pas convaincu:
* CHAMPAGNE TAITTINGER COLLECTION 1982
* CORTON-CHARLEMAGNE BOUCHARD P.&F. 1982
* CLOS STE-HUNE TRIMBACH 1982
– Le constat est le même pour l’HERMITAGE LA CHAPELLE JABOULET 1982.
– Pour les Bordeaux, plusieurs éléments sont intéressants à relever:
* Les meilleurs ont une tenue dans le temps exceptionnelle. Cela va à l’encontre
de certaines théories élaborées initialement sur ce millésime.
* Le style tendre et facile qui aurait dû être la marque de 1982, de par sa récolte
extrêmement mûre, a fait place à un style plus classique et droit, avec des
structures athlétiques.
* Je place mes préférés dans l’ordre suivant: LA MISSION HAUT BRION, LATOUR,
GRUAUD LAROSE et YQUEM.
* LA MISSION HAUT BRION 1982 est un sommet qui pourrait être égalé par Lafleur,
mais dans un autre style.
* LATOUR 1982 est impressionnant de par sa force et sa jeunesse. Je l’ai bu souvent
depuis déjà 1985 et je peux dire qu’il était bien plus ouvert dans sa jeunesse que maintenant.
Il semble prendre le chemin de l’indestructibilité.
* MOUTON-ROTHSCHILD 1982 paraît encore plus jeune que Latour. Il est plus massif et
moins noble mais sa base est immense. Il semble aussi s’être refermé pour longtemps.
* GRUAUD LAROSE 1982 entre incontestablement dans la catégorie des plus grands
Bordeaux 1982. Il est moins charpenté que Latour mais il a du génie.
* TROTANOY 1982 représente tout ce que peut donner un Pomerol dans le style
exubérant et séduisant.
* PICHON COMTESSE 1982 ne m’a pas fait vibrer, alors que je m’attendais à retrouver
les hauts sommets que j’avais connus lors d’autres dégustations.
Est-ce qu’il commencerait à décliner?
* YQUEM 1982 est une révélation pour moi. Je l’avais bu quelques fois, sans être
impressionné. Je pense qu’il démontre le génie d’Yquem. Sa récolte n’était certainement
pas concentrée ni botrytisée comme un 1967, dont il est un peu l’opposé. Mais le temps
a dû faire son oeuvre. L’équilibre est venu. Le fruit est parti sur les écorces de mandarine
et d’orange qui octroient une grande fraîcheur. La relative lourdeur du départ a fait place
à une extrême buvabilité: c’est un plaisir sans compter que de le boire.
– Le VEGA SICILIA UNICO 1982 se présente sous un autre style que les Bordeaux car il
est plus marqué par la vivacité de l’acidité. Il semble avoir un potentiel de vieillissement
identique et des qualités équivalentes.
– Le GRANGE PENFOLDS 1982 était pour moi atténué par un bouchon défaillant.
Je l’ai déjà bu et je peux dire qu’il est assez extraordinaire normalement, surtout de
par sa constitution.
– Le PORTO QUINTA DO NOVAL NACIONAL 1982 ne manque pas de qualité et tient
son rang de grand Porto sans entrer dans le groupe des meilleurs Nacional.