seigneur médocain
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Présentation du Domaine à l’occasion de la dégustation des millésimes
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1982 1970 1966 1962 1961 1959
1949 1945 1928 1870 1865 |
Février 2006
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Les proportions-mêmes de l’assemblage formant le Château Latour nous promettent un vin racé et corsé, au caractère marqué et à la structure apte à défier le temps. En effet, le Cabernet Sauvignon entre dans la composition du vin à raison de 75 à 80% pour y apporter concentration, couleur et tannins. C’est pratiquement le plus fort pourcentage du bordelais dans les grands crus. Le Merlot, présent pour environ 20%, vient « arrondir les angles » et donner du volume. Même si la quantité restante de Cabernet Franc et de Petit Verdot semble insignifiante, elle n’en constitue pas moins une possibilité réelle d’y ajouter de la complexité et du caractère.
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Géologiquement parlant, ce terroir de 47 hectares d’un seul tenant est rare, voire unique. On le nomme « l’Enclos ». Il bénéficie en plus d’un climat très égal qui est à même de protéger le lieu des froids intenses. Ses vignes qui culminent à 16 mètres, et dont chaque pied « voit la mer », produisent une moyenne annuelle de 220’000 bouteilles. La densité est de 10’000 pieds à l’hectare. Le remplacement des vieux pieds, par complantation, permet de garder un âge moyen élevé des vignes qui produisent le grand vin. Les jeunes pieds, ainsi que les parcelle de « Petit Batailley », de « Pinada » et de « Sainte-Anne », composent le second vin « Forts de Latour » (1er millésime: 1966) ainsi qu’un générique « Pauillac ». Un système de drainage fut déjà mis en place dès le début du 19ème siècle afin de faciliter l’écoulement des eaux en sous-sol .
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Sur cette croupe, une tour fut construite à la fin des années 1300, certainement carrée. C’était la « Tour de Saint-Maubert », forteresse stratégique bien connue durant la Guerre de Cent Ans. Son existence reste un peu énigmatique. On n’en a retrouvé aucune trace, mais c’est à elle que ce cru doit son nom puisqu’elle devint par la suite Château La Tour, puis Château Latour.
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La tour que l’on voit actuellement (c’est en fait un colombier) fut certainement élevée avec les pierres de l’ancien château entre 1620 et 1630. C’est à tort qu’elle est considérée par beaucoup comme ayant donné son nom au domaine. Le château actuel fut construit durant l’âge d’or économique bordelais, entre 1862 et 1864: le « Domaine Latour » devint alors « Château Latour ». La surface du vignoble s’élevait déjà à 30 ha en 1705. Le Marquis Nicolas Alexandre de Ségur possédait en 1718 Latour, Lafite, Calon et Mouton: il fut surnommé « Prince des Vignes ». La renommée du vin date de son époque. |
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Les vicissitudes des héritages multiplient les propriétaires jusqu’en 1842, moment ou les descendants des Ségur créent la première société civile agricole pour éviter le morcellement: Latour est verrouillé jusqu’en 1963. Le groupe anglais Pearson devient alors propriétaire et majoritaire des parts vendues par les descendants des Ségur. Le groupe anglais Allied Lyons devient majoritaire à 93 % des parts en 1989, les 7 % restants demeurent aux anciens propriétaires. En 1993, François Pinault reprend toutes les parts de Allied Lyons. |
Tout comme Mission Haut Brion, Latour passe pour l’un des crus les plus réguliers dans les grands, comme dans les petits millésimes. Dans sa jeunesse, il est massif, ferme, robuste, et même violent: il est lent à évoluer, et peut paraître inaccessible aux néophytes. En quittant l’adolescence, il devient réellement monumental et complexe. Il prend un volume énorme et ses tannins soutiennent ses fabuleuses qualités durant des décennies. On ose avancer que Latour est le vin « viril » du Médoc. |
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Les millésimes proposés, indiqués ci-dessous, sont tous considérés comme exceptionnels.
En voici quelques données: |
Année
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Nombre de tonneaux produits
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rendement approximatif
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hl /ha
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1982
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175
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45
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1970 |
220
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55
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1966
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185
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48
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1962 |
125
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34
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1961
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63
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13
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1959 |
118
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30
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1949
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110
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28
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1945
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54
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10
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1928 |
85
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23
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1870
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128
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35
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1865
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126
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35
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(Calculs des rendements basés sur le domaine de 47 ha. En 1812, il se montait déjà à 45 ha.) |
Le record de production est le millésime 1983 avec 274 tonneaux, soit 71 hl/ha. |
La production de ces vignes étaient connue depuis 1389, mais comme vin du « Vignoble de Saint-Maubert ». La première mention du vin de Latour date de 1714.
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Depuis les années 1750, on préserve la qualité du grand vin en produisant un second vin écoulé par le négoce anonymement. La première étiquette de « Château Latour » date du millésime 1863. Le vin fut mis pour une petite partie en bouteilles au Château et les bouchons portaient déjà les inscriptions de millésime et le nom du Château. La plupart de la récolte est cependant toujours écoulée par le négoce en tonneaux. Il faut attendre 1891, année du dépôt officiel de la marque « Grand Vin de Château Latour », pour que la majeure partie de la production soit mise en bouteilles au Château. Dès 1924, cette pratique se généralise. Le phylloxéra fut repéré à Latour en 1880. La maladie évoluait lentement. On ne replanta des nouvelles vignes sur pieds américains choisis rigoureusement qu’à partir de 1901, et ce sur des années puisque seuls les pieds infestés étaient replantés. On érafle la récolte seulement depuis le début des années 1900. Au domaine, on a décidé de ne pas commercialiser le grand vin de Château Latour du désastreux millésime 1915. Le vignoble de Latour n’a pas été détruit en 1956, ceci grâce à son climat. |
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Il semble qu’à la fin du 17ème siècle, le Malbec était majoritaire.
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Au 18ème siècle, les vignes étaient plantées de Cabernet Sauvignon et de Malbec (il y avait aussi quelques pieds de blancs). Durant la première moitié du 19ème siècle, furent plantés de la Syrah, du Muscat et du Chasselas! A cette époque, le négoce avait aussi pris l’habitude d’hermitager les vins après avoir acheté les tonneaux chez les producteurs. Mais dès 1855, on avait environ 80 % de vignes plantées avec les deux cabernets avec très forte prédominance de Cabernet Sauvignon, 15% environ de Malbec et le reste, et c’est tout nouveau, avec du Merlot. C’est donc pratiquement toujours la même chose aujourd’hui, le Merlot ayant remplacé le Malbec. Jusqu’en 1842, année où le domaine devient une société civile, les régisseurs pouvaient faire tout et n’importe quoi puisqu’ils ne voyaient pratiquement jamais leurs propriétaires qui demeuraient soit à Bordeaux, soit encore plus loin. Ceux-ci se contentaient de recevoir quelques revenus. Jusqu’en 1857, les cuvaisons étaient très courtes (5-6 jours), mais l’élevage durait régulièrement 6 ans. L’alcool était faible: 11 degrés environ. Depuis 1857, les cuvaisons se prolongent et l’élevage passe à 3 ans seulement. 1816 est le premier millésime chaptalisé à Latour. On préférait chaptaliser les petits millésimes des grands crus. Les petits vins étaient souvent « vinés ». On sait aussi que le marc pressé produit dans les meilleurs domaines était récupéré chez les « seconds crus » qui en sortaient encore quelque jus! On ne rebouche plus les bouteilles anciennes au Château (pour les clients qui en possèdent). |
Propriétaire : François Pinault Maître de chais : Pierre-Henri Chabot Administrateur : Frédéric Engerer Vinification : Frédéric Ardouin 0033 556 73 19 80 www.chateau-latour.fr |