DOMAINE DE LA ROMANEE-CONTI |
LE MYTHE |
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LE PRINCE DE CONTI |
LE DOMAINE A VOSNE |
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Il n’y a point de vin commun à Vosne selon Courtépée.
Aucun doute à ce sujet puisque cette reine des communes détient le record de densité des grands crus bourguignons, dont le mythique Romanée-Conti. Ce vignoble miraculeux donna une partie de son nom à Vosne qui devint Vosne-Romanée en 1866. Le village compte à l’heure actuelle 464 habitants (chiffre 2004). Son aire viticole est de 210 ha, dont 27 ha 84 pour les grands crus. La Société Civile du Domaine de la Romanée-Conti actuelle possède des vignes sur les grands crus communaux de Vosne-Romanée et Flagey-Echézeaux selon le tableau suivant: |
CRU | SUPERFICIE APPARTENANT AU DOMAINE DE LA R.C. |
PRODUCTION MOYENNE DU DOMAINE DE LA R.C. |
SUPERFICIE TOTALE DU CRU |
Romanée-conti | 1 ha 805 | 6’000 bts | Monopole |
La Tâche | 6 ha 062 | 20’000 bts | Monopole |
Richebourg | 3 ha 511 | 11’000 bts | 8 ha 034 |
Romanée-St-Vivant | 5 ha 285 | 17’000 bts | 9 ha 437 |
Grands Echézeaux | 3 ha 526 | 11’500 bts | 9 ha 144 |
Echézeaux | 4 ha 670 | 15’000 bts | 37 ha 692 |
Elle possède aussi un peu de Montrachet (0 ha 676 sur les 8).
Les familles Leroy et de Villaine sont propriétaires à parts égales de ce domaine dont l’histoire s’étale sur 11 siècles. |
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A L’ORIGINE |
Fin 890 environ, ce domaine faisait partie des possessions du Prieuré de Saint-Vivant de Vergy.
Les différents climats ont pris forme au fil des siècles. C’est un relevé des Cloux (Clos) appartenant à Saint-Vivant datant de 1512 qui nous présente les crus les plus prestigieux de Bourgogne avec des limites déjà précises qui ne changeront pratiquement plus par la suite. |
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relevé datant de 1512 | carte actuelle des crus D.R.C. |
– Le Cloux des Cinq Journaux et les Trois Ouvrées forment la future Romanée-Conti. – La Vigne au Couvent de Cisteaux deviendra les Richebourg. – Le Cloux du Moytant et le Cloux des neuf Journaux formeront la Romanée-Saint-Vivant (du D.R.C.). |
En 1512, cette vigne s’appelait donc le « Cloux des Cinq Journaux ». Plus tard, mais avant 1584, elle devient le « Cros des Cloux » (littéralement: Creux des Clos). A cette époque, suite à un mystérieux fléau, elle fut laissée sans ceps. Claude Cousin l’acquiert au début 1584. C’est lui-même qui planta cette année-là les ceps de Pinot Noir qui subsistèrent par la technique du provignage jusqu’à la fin 1945. On trouve pour la première fois le nom de Romanée en 1651, après que la vigne eut été vendue par les moines du Prieuré de Saint-Vivant et fut devenue la propriété de la famille Croonenbourg qui la conserva jusqu’en 1760. A cette date elle fut vendue au Prince de Conti. A chaque transaction, cette vigne se négociait 5 à 6 fois plus cher que tous les autres crus bourguignons éminents. |
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LE MYTHE |
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Louis François de Bourbon (1717 -1776), fastueux Prince de Conti, acheta le domaine en 1760. |
Son train de vie grandiose justifia peut-être à ses yeux de payer cette vigne dix fois plus cher que les meilleurs crus voisins. Mais une légende nous dit aussi que Madame de Pompadour convoitait la Romanée. Son inimitié reconnue envers le Prince l’aurait forcé à cacher son identité et à monter fort haut le prix pour parvenir à ses fins.
Quoi qu’il en soit, cette démarche allait accorder au Prince le privilège de servir le plus grand vin de Bourgogne pour sa table exclusivement. Le cru, déjà célèbre, entrait ainsi définitivement dans la légende. Amateur d’arts et de sciences, le riche Prince avait sa propre cour. Il pensionna les plus célèbres musiciens afin qu’ils soient toujours disponibles pour ses soirées. |
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Les soupers qu’il organisait étaient renommés. |
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DE LA REVOLUTION A NOS JOURS |
Le fils de Louis François ne reprend que des dettes de son père. Arrive la Révolution. Le Prince est dépossédé de ses biens. La Romanée, devenue entre temps Romanée-Conti, est mise aux enchères en 1794. La haute provenance aristocratique fut un argument de vente non négligeable, même pour les révolutionnaires. La vigne de la Romanée-Conti se vend toujours plus cher que ses voisins bourguignons, immédiats ou non.A cette époque, elle change plusieurs fois de mains. En 1794: Nicolas Defer. En 1819, elle devient la propriété de Julien-Jules Ouvrard, le fameux et controversé banquier de Napoléon. En 1869, elle est vendue par les successeurs d’Ouvrard, la famille de Rochechouart et elle est achetée par Jacques-Marie Duvault-Blochet, déjà propriétaire à Richebourg, à Echézeaux et à Grands Echézeaux. Dès sa mort en 1874, le domaine se dégrade car il passe à ses divers descendants qui le négligent durant plus de 30 ans. Mais Edmond Gaudin de Villaine, époux de Marie-Dominique-Madeleine de Chambon reprend la gérance du domaine en 1911, et dépose la marque « Domaine de la Romanée-Conti » en 1912. Associé avec son beau-frère Jacques Chambon, il va imposer les bases qualitatives reconnues aujourd’hui. Ils acquirent la Tâche en 1933. La fructueuse collaboration dure jusqu’en 1942, année ou le Domaine est intégré à une Société Civile.Henri Leroy reprend alors les parts de Chambon et insuffle un sang neuf dans la société. Durant huit ans, les deux associés feront un remarquable travail de mise en valeur. A la mort d’Edmond Gaudin de Villaine en 1950, son fils Henri lui succède. En 1974, de nouveaux statuts de la Société établissent un « conseil de surveillance » occupé par Henri Leroy et Henri de Villaine, ainsi qu’une « codirection » assumée conjointement par leurs enfants Lalou Bize-Leroy et Aubert de Villaine. Pauline Roch reprend le flambeau de son père Henri Leroy décédé en 1980. La Société Civile achète la Romanée-Saint-Vivant en 1988: la boucle est bouclée. Elle détient désormais pratiquement les mêmes domaines que le Prieuré de Saint-Vivant 11 siècles plus tôt. A la fin 1991, Lalou Bize cède son poste au profit de son neveu Charles Roch qui décède tragiquement quelques mois plus tard. Il est remplacé par son frère Henry-Frédéric Roch. En Janvier 1993, Henri de Villaine est remplacé par son neveu du même nom. |
LA VIGNE |
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La vigne de la Romanée-Conti s’élève en pente douce de l’altitude de 260 à 275 mètres.
Le « Noirien« , terme utilisé jusqu’à la fin du XIXème siècle pour désigner le Pinot Noir, y fut planté en 1584 par Claude Cousin. A partir de l’invasion du phylloxéra, elle était régulièrement traitée au sulfure de carbone pour la protéger. La vigne fut replantée en 1947 avec des pieds américains et produisit à nouveau du vin en 1952. Les vignes plantées par provignage avec une distribution en « foule » (désordonnée, sans rang) octroyaient des rendements réduits de moitié par rapport à ce qui se passe aujourd’hui pour une production restreinte et rationnelle. Les taux de sucre étaient élevés car les ceps portaient très peu de fruits. |
LE VIN |
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« Romanée-Conti, ce vin de rêve dont on ne parlait dans ma famille qu’à voix basse » (Alexandre de Lur Saluces)« C’est son infinie complexité qui vous coupe le souffle. » « Elle est vin de prince, elle est velours, séduction et mystère. » « C’est comme si les dieux nous avaient laissé en souvenir dans ce carré de terre la trace fascinante d’une perfection intemporelle. » La vinothèque du Domaine est enrichie chaque année depuis 1978 d’une cinquantaine de bouteilles par cru. La plus vieille merveille conservée est un Richebourg 1911. |
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Du temps du Prince de Conti, la Romanée comportait 20% de Pinot Blanc. La couleur était un facteur moins important qu’aujourd’hui, et le Pinot Blanc apportait « finesse et bouquet ».
Les méthodes de vinification et d’élevage ont évolué fortement au cours des siècles pour ce vin légendaire: |
Pinot Blanc | cuvaison | vieillissement en fûts | |
La Romanée du Prince de Conti (1760-1794) | 20% | 12 à 36 heures | 3 ans |
La Romanée-Conti d’Ouvrard (1819-1869) |
6% | 4 à 5 jours | 4 à 5 ans |
La Romanée-Conti actuellement |
0% | 2 à 3 semaines | 18 à 24 mois |
VENDANGES ET VINIFICATION |
Le raisin est considéré comme mûr lorsque les rafles et les pépins passent du vert au brun. Il peut alors se détacher sans résistance. Au Domaine, on est adepte de vendanges tardives pour obtenir un moût riche en sucre. Outre des vendanges particulièrement soignées, un tapis roulant permet une dernière sélection draconienne. |
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Vendange durant les années 1940 (aujourd’hui les raisins sont ramassés en petites caisses afin de conserver les grumes intactes) |
L’égrappage ne se fait que si la rafle n’est pas suffisamment mûre. Les raisins ne sont que partiellement foulés. La vendange subit macération de 5 à 6 jours à moins de 15 degrés avant la fermentation active qui est assurée par les levures naturelles. On procède à des remontages et des pigeages durant le fermentation qui ne dépasse pas les 32 degrés. A la fin de la fermentation alcoolique, une éventuelle faible chaptalisation (1 degré d’alcool) permet de contrôler les derniers stades de la fermentation, de prolonger la macération et de favoriser une extraction maximale des tannins dans certains millésimes. L’alcool supplémentaire apportera au vin un potentiel de vieillissement supérieur et une meilleure résistance. Directement après la fermentation, le vin est soutiré et le marc pressé une seule fois. Les deux jus sont assemblés et introduits par gravité dans des pièces neuves pour 18 à 24 mois. La malolactique se déroule naturellement sans qu’on la force par une élévation de température. Peu avant la mise en bouteilles, il arrive parfois qu’on procède à un collage au blanc d’oeuf. Les différentes pièces d’un même cru peuvent aussi êtres assemblées dans une petite cuve pour effectuer la mise en bouteilles (toujours par gravité). La production moyenne annuelle est de 6’000 bouteilles environ. 8 à 10% de la récolte sont mis en magnums, jéroboam et mathusalems. |
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C’était le vin le plus réputé du temps du Prince de Conti puisque la Romanée n’était plus dans le commerce.
Au début de la Révolution, La Tâche appartenait à Louis-Philibert Joly de Bévy. Il fut confisqué et mis aux enchères comme bien national en 1794 et acheté par Claude-François Viénot. En 1800, il est racheté par Nicolas-Guillaume de Basire et revint par mariage La Tâche est composée en fait de La Tâche Joly de Bévy (1 ha 43) originelle de la Révolution, et d’une grande partie du lieu-dit les « Gaudichots » Les « usages locaux, loyaux et constants », d’appeler durant tout le IXX ème siècle les Gaudichots, La Tâche furent définitivement acceptés par décision judiciaire en 1932. Le vignoble définitif s’étend sur 6 ha 062, et produit en moyenne 20’000 bts l’an. La Tâche fut replantée après phylloxéra avec des greffons pris sur la Romanée-Conti pré-phylloxérique dès 1910. |
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On dit Les Richebourgs pour la vigne et le Richebourg pour le vin.
Jacques-Marie Duvault-Blochet était déjà propriétaire en Richebourg lorsqu’il acheta la Romanée-Conti en novembre 1869. La surface de ce cru diminue de 6 ha à 5 ha en 1827. En même temps, le cru de 3 ha Les Véroilles devient Les Varoilles-sous-Richebourgs. En 1924, il est accordé de vendre le vin Varoilles-sous-Richebourgs sous le nom Richebourg en raison des usages. Les deux climats couvrent maintenant 8 ha 03, dont 5 ha 05 pour Richebourg et 2 ha 98 pour Les Véroilles ou Richebourg. Tout comme la Romanée-Conti, un tiers du Richebourg fut conservé en vignes dites originelles et traité au sulfure de carbone jusqu’en 1945. La nouvelle plantation de ce tiers fut faite en 1947 à partir de greffons choisis dans La Tâche, elle-même reconstituée à partir de la vigne de la Romanée-Conti préphylloxérique. Le reste avait déjà été replanté au début du XX ème siècle sur pieds américains, les greffons étant prélevés sur la vigne ancienne non greffée de la Romanée-Conti. |
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Aubert de Villaine, associé- gérant du Domaine, a remplacé son père Henri depuis 1974.
« Si la Bourgogne a fait et fait toujours des vins qui la placent au sommet de la hiérarchie mondiale, c’est grâce au terroir. » Le symbole que représente la Romanée-Conti, reconnue comme un vrai mythe à travers la planète, ne pouvait rêver d’un meilleur gardien. |
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Bernard Noblet, né au Domaine, devint chef de cave à la mort de son père, André, en 1985. |
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Henry-Frédéric Roch associé-gérant du Domaine depuis 1992 |
Responsable des vignes : Gérard Marlot
Responsable administratif : Jean-Charles Cuvelier Effectif : 30 personnes (cette présentation est basée sur des données datant du début de l’an 2004) Dominique Fornage (www.ecole-nobilis.ch) |