REPAS – DEGUSTATION
HOMMAGE A YQUEM
10 décembre 2022
Domaine de Châteauvieux / Genève
Manifestation organisée par Baghera/Wines / Genève & Singapour
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CHATEAU D’YQUEM 1975 (*****)
La couleur bien dorée commence à prendre un peu d’ambre.
Les arômes sont fortement marqués par le botrytis.
Tout est pur, fin et élégant, mais la densité est impressionnante.
On est sur des confits d’abricots et des écorces d’agrumes (orange).
C’est une présence forte.
Le vin est concentré et droit.
Il est parfait à tous les niveaux.
La trame est serrée.
La sucrosité élevée est compensée par un fruité charnu
et une acidité vivifiante du plus bel effet.
Je pense que, depuis 1967, c’est le millésime le plus
impressionnant chez Yquem.
Il sera encore vaillant dans de nombreuses décennies.
CHATEAU D’YQUEM 1967 (*****)
Couleur dorée un peu ambrée.
Les arômes sont “extravagants”: tout est dans le superlatif.
On y ressent une récolte extrêmement mûre avec beaucoup de botrytis.
La complexité est énorme: pâte de fruits (abricot, mirabelle),
crème fouettée, écorces d’agrumes, Whisky ou Rhum, raisin de Corinthe…
La bouche est tout en onctuosité et en volume.
La sucrosité est presque visqueuse.
Mais la concentration du fruit et l’acidité très élevée procurent l’équilibre
nécessaire.
La finale est interminable.
Cette bouteille semblait n’avoir pas encore atteint le plein développement.
CHATEAU D’YQUEM 1956 (*****)
Couleur ambrée.
On sait que 1956 ne fut pas un millésime chaud.
Cet Yquem présente des arômes délicats et fins.
Le caractère, bien différent d’un Yquem habituel, est très intéressant.
La complexité est aussi là: raisin sec, figue, café, cendre froide.
On pourrait penser à un vieux Tokaji.
Le vin est équilibré avec une belle personnalité.
Il n’est pas puissant, mais il ne manque pas de densité.
La sucrosité est plutôt discrète.
Le fruit part sur les écorces d’agrumes, ce qui lui donne
beaucoup de fraîcheur.
De plus, la finale est marquée par une minéralité qui rappelle
les grands Riesling allemands.
Belle longueur.
Voici un Yquem peu ordinaire, qui n’entre pas dans les canons habituels
de ce cru, mais son style et ses qualités en font un sujet à mettre à l’honneur.
CHATEAU D’YQUEM 1945 (*****)
Couleur or ambré.
Les arômes vous saisissent immédiatement de par leur
immensité et leur perfection.
On semble être devant une force indestructible.
Et quelle complexité: botrytis, pâte de fruits (abricot, reine-claude),
caramel au lait, crème fouettée, banane, figue, sucre candi…
Le vin est pourvu d’une concentration exceptionnelle.
1945 n’a peut-être jamais été égalé sur ce sujet.
La douceur est élevée, mais elle est compensée non seulement
par une haute acidité, mais aussi par une amertume iodée qui
soutient une finale interminable.
Les dimensions de ce vin sont phénoménales.
La persistance aromatique et gustative est hors norme.
Cette bouteille semblait même être encore en phase ascendante.
CHATEAU D’YQUEM 1936 (?)
Couleur bien ambrée.
Comme en 1956, l’année 1936 ne fut pas très chaude.
Les arômes ont partagé les participants sur un éventuel goût
de bouchon.
Cela aurait aussi pu faire penser à l’odeur du petit moisi qui se forme
sur des murs humides.
Mais le préjudice n’a pas pu empêcher que se révèlent de réelles qualités.
Les arômes sont délicats. Ils partent sur le raisin de Corinthe, les écorces
d’orange et le quinquina.
Le vin est équilibré.
Sa discrète douceur est soutenue par une amertume d’herbes aromatiques
macérées et de l’iode.
Cela le rend comme rafraîchissant.
CHATEAU D’YQUEM 1921 (*****)
Couleur très ambrée, presque noire.
Les arômes sont d’une grande élégance avec une finesse angélique.
On est sur le caramel, le mocca, le raisin de Corinthe, les herbes fines
et le sucre candi.
On pense à un vieux Tokaji.
En bouche, l’équilibre est parfait.
La douceur est modérée et l’acidité vivifiante.
Une petite amertume très favorable fait penser à du Vermouth.
Le vin est concentré sans être lourd.
Sa longueur est remarquable.
A l’ouverture, il démontre de plus en plus de structure
et de personnalité.
Il faut prendre du temps pour découvrir ses immenses qualités.
CONCLUSIONS ET AUTRES COMMENTAIRES
– cette manifestation fut organisée par la maison de ventes aux
enchères Baghera/Wines de Genève
– les vins ont été servis en accompagnement d’un repas concocté
avec beaucoup de justesse par la brigade de Philippe Chevrier
du Domaine de Châteauvieux à Genève
– ordre de dégustation: 1921, 1936, 1956, 1945, 1975, 1967
– il y avait donc 4 millésimes exceptionnels, parmi les meilleurs du siècle,
accompagnant deux millésimes considérés comme faibles;
mais 6 décennies étaient représentées
– le fait que les 1945, 1967 et 1975 étaient servis après les plus âgés a
certainement influencé les perceptions. C’est ainsi que le 1975 semblait
en début de carrière, le 1967 encore trop jeune et le 1945 en phase ascendante.
De toute façon, ce sont des millésimes notoires chez Yquem.
Le 1945 ressortant comme un sommet inégalable
– les 1956 et 1936, considérés comme faibles, doivent être approchés différemment.
La climatologie n’a pas permis de mûrir des baies avec des potentiels d’alcool aussi
élevés que la norme habituelle. Ont donc été produits des Yquem que l’on pourrait
qualifier de “demi-liquoreux”. Je n’y vois pas la raison de les considérer comme des
petits millésimes. Ils sont différents, bourrés de qualités et aptes à procurer bien du
plaisir à qui sait les approcher
– la bouteille de 1921 était un peu différentes des quelques autres que j’ai eu la
chance de déguster. Celle-ci était basée sur la délicatesse et la subtilité, sans
manquer de densité et de classe. Les autres bouteilles étaient généralement plus
impressionnantes de force et de matière, un peu comme le 1945
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