VERTICALE
Restaurant Nobilis / Sion
7 décembre 2024
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Y grec d’Yquem 1962 (?)
Le nez semble être un peu entaché par le liège.
On y ressent un sujet de caractère.
Les tertiaires s’expriment sur la noix avec une note fumée.
Le vin est encore bien vigoureux et assez sec.
Le petit gras lui donne un peu de corpulence.
Il a gardé beaucoup de jeunesse.
On se rend compte qu’il doit se trouver de bien meilleures bouteilles.
D’YQUEM 1990 (*****)
Nez pur et fin avec de beaux confits.
Touche de miel.
C’est vraiment élégant.
Vin doux, d’une grande harmonie, sans lourdeur.
Tout est bien en place: ni trop, ni trop peu, dirait-on.
Il est très dense et persistant.
Il donne déjà le grand plaisir, mais il est prêt à défier les décennies.
CHATEAU D’YQUEM 1989 (*****)
Nez très ample, noble, complexe et élégant.
Le fruit qui semble bien botrytisé est accompagné par du caramel et du nougat.
Vin somptueux, très charnu, avec une douceur aguichante.
On y ressent de la pomme cuite, du bois oriental, du jus d’ananas et du Cognac.
La très longue finale est soutenue idéalement par l’acidité.
Tout est pur et net.
CHATEAU D’YQUEM 1988 (*****)
Arômes nobles, fins et amples.
On est sur des fruits très confits (mirabelle et abricot).
Une touche de térébenthine lui accorde une fraîcheur supplémentaire.
C’est donc positif. A l’ouverture, cela s’estompe.
Vin rond, onctueux, d’une douceur marquée. Il est consistant et d’une grande vigueur.
La fraîcheur finale provient de l’acidité élevée et des écorces d’agrumes
(orange ou mandarine).
Il semble que ce 1988 bénéficie d’une acidité supérieure à celle des 1989 et 1990.
CHATEAU D’YQUEM 1986 (*****)
Nez resplendissant, très vivant et joyeux.
La jeunesse qu’il dégage est incroyable.
Le fruité extrêmement pur est accompagné par des notes de crème brûlée,
d’orange, de safran et de Whisky.
Vin liquoreux de grande harmonie, marqué par une minéralité cristalline.
Le sujet est concentré en tout.
La finale, sur l’iode et le safran, est très serrée et vigoureuse.
Il semble trop jeune en ce moment.
CHATEAU D’YQUEM 1983 (*****)
Les arômes sont incroyables de complexité et de pureté.
On y ressent du caramel, des fruits exotiques confits, de l’iode,
de l’humus, du Rhum et de la menthe.
Vin somptueux, impressionnant à tous les niveaux.
Le fruité part sur l’orange sanguine.
L’acidité élevée excite littéralement les papilles pour leur plus grand bien.
Vin exceptionnel, fantastique maintenant et pour des décennies.
CHATEAU D’YQUEM 1976 (*****)
Arômes de haute expression, c’est la grande classe.
Le rôti du botrytis ressort bien.
Notes de caramel, de sucre candi, d’écorces d’agrumes et
de pêche blanche.
Vin riche et charpenté. L’alcool est présent, comme pour augmenter
la densité des sensations.
La finale est marquée par l’amertume d’écorce d’agrumes et de l’iode.
Ce 1976 impressionne par sa forte constitution. Il est moins fin que le
1983 mais a plus de dimension.
CHATEAU D’YQUEM 1975 (*****)
Arômes nobles et purs, d’une énorme complexité: écorce de pin, coing,
pâte de fruits, crème fouettée, safran.
Le botrytis est prononcé. Il est soutenu par une belle minéralité.
Vin d’une harmonie sans faille, très concentré, mais pas lourd.
Il est marqué par des fruits exotiques.
La finale est rehaussée par une amertume idéale d’agrumes.
L’ensemble est très vigoureux et encore juvénile.
Longueur interminable.
L’âge n’a encore aucune prise sur ce sujet exceptionnel.
CHATEAU D’YQUEM 1971 (*****)
Arômes complexes et un peu baroques, marqués par de subtiles tertiaires.
J’y ressens des fruits très confits avec du Rhum.
L’ensemble de toutes ces odeurs me rappelle la savane pleine de vie.
Vin très doux mais équilibré, comme d’un autre âge.
Sa douceur est onctueuse, et même crémeuse. Notes de Cognac,
d’écorce de mandarine et d’umami.
La finale garde beaucoup de fraîcheur grâce à la haute acidité.
L’ouverture fait oublier les tertiaires ressentis au départ. Vin jouissif.
CHATEAU D’YQUEM 1967 (*****)
Arômes envoûtants, d’une ampleur extrême.
La complexité est incroyable: banane, mélasse, tabac, crème fouettée, caramel,
épices orientales. Le sujet semble tout simplement hors d’âge.
Vin somptueux, riche et concentré, mais sans lourdeur, impressionnant à tous
les niveaux.
La sucrosité est présente, mais se confond avec un glycérol épais. Notes de
Whisky, de banane et de pâte de fruits.
L’acidité très élevée vivifie fortement la finale d’une longueur interminable.
C’est un jus fantastique.
CHATEAU D’YQUEM 1966 (*****)
Nez très complexe et nobles.
On est sur du pain grillé, du bois oriental et des herbes aromatiques qui font
penser à du Vermouth.
Vin équilibré dont la douceur modérée est soutenue par l’amertume d’herbes macérées.
La très longue finale, toujours marquée par cette amertume, est d’une fraîcheur incroyable.
Ce 1966 sort un peu de la ligne générale d’Yquem, car il est moins doux que la moyenne.
C’est peut-être la raison pour laquelle il est moins coté. Mais il est doté d’une personnalité
extrêmement intéressante. Il m’a vraiment subjugué.
CHATEAU D’YQUEM 1962 (****)
Arômes délicats et fins.
On est sur de la pâte de fruits, des écorces d’agrumes et du bois oriental.
Quelque-chose fait aussi penser à du Rhum.
Vin doux, assez équilibré même s’il paraît tendre dans son ensemble.
Au fruité confit, se rajoutent des notes de Cointreau et un boisé exotique.
La récolte semble plus marquée par la sur maturation que par le botrytis.
Pour moi, ce 1962 est donc un peu moins complexe.
Mais il donne beaucoup de plaisir.
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CONCLUSIONS
– la série dégustée est certainement formée des meilleurs millésimes de la période en question pour Château d’Yquem.
Le niveau général est donc extrêmement élevé. On remarque, comme d’habitude, que ce cru demande au moins trente
ans pour atteindre un bon développement.
– le trio 1990, 1989 et 1988 a démontré qu’il y a des différences de style entre chacun d’eux. Leurs qualités sont énormes,
mais ils sont manifestement en période ascendante.
– le 1986 m’a paru plus intéressant que ce trio car je le trouve encore plus majestueux.
– le 1983 domine les débats par rapport aux plus jeunes. Depuis longtemps, je le considère comme le plus beau de la
décennie. Cette dégustation m’a renforcé dans cette idée.
– avec le 1976, on entre dans les Yquem que je dirais adultes. Celui-ci est toujours aussi impressionnant de par ses
dimensions généreuses.
– le 1975 confirme son rôle de tête de série de la décennie. Il est tout simplement extraordinaire.
La perfection de ses composantes et sa concentration le préparent à une carrière d’une longévité extrême.
– le 1971 donne le grand plaisir. Il est un peu moins précis que d’autres, mais son côté baroque est vraiment séduisant.
– le 1967 me paraît toujours la vedette de la deuxième moitié du 20ème siècle. Le développement de ses composantes
est impressionnant. Il paraît presque démesuré, mais il reste parfaitement équilibré. Ce sera un centenaire toujours vigoureux.
– le 1966 est celui qui m’a le plus surpris. Je ne m’attendrai effectivement pas à en recevoir autant de plaisir.
Je pense que sa sucrosité modérée a permis de développer des atouts différents des autres.
– le 1962 a plu énormément aux participants. Pour ma part, sa base n’a pas permis de développer la classe et la complexité
dont les autres millésimes présentés ont fait preuve.