VERTICALE
PORTO GARRAFEIRA
Les dix millésimes produits
1977 1967 1964 1952 1950 1948 1940 1938 1933 1931
30 avril 2016
Baghera/Wines Genève
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PORTO GARRAFEIRA NIEPOORT 1977 (*****)
Très belle couleur brun-rouge assez clair avec de la brillance.
Arômes très fins et élégants, sur les fruits rouges (fraises) et le pruneau.
On pense immédiatement à du Bourgogne.
Vin fort et délicat en même temps.
Il y a autant de sucre que de glycérol.
Tout reste fruité et jeune du début à la fin.
Le soutien d’alcool est parfait car l’équilibre est là.
Il est très difficile de vouloir donner un âge à ce vin.
PORTO GARRAFEIRA NIEPOORT 1967 (*****)
Très belle couleur brunie assez claire avec de la brillance.
Arômes racés avec un caractère fort.
Le fruité, sur la confiture de fraise, est accompagné par des notes de bois exotique, de nougat et de chocolat.
S’y rajoute une touche d’herbes amères style Vermouth ancien.
C’est grandiose.
La bouche est plus douce que sur le 1977.
L’acidité et l’alcool semblent aussi plus élevés.
Pour un technicien, il paraîtra moins « parfait », mais sa personnalité est plus marquante.
Même si ce grand sujet affiche 49 ans, on sent instinctivement qu’il est encore bien trop jeune.
PORTO GARRAFEIRA NIEPOORT 1964 (**)
Même style de couleur que sur les précédents.
Le nez part sur de l’acidité volatile et l’alcool un peu dévié.
La bouteille n’est à coup sûr pas parfaite.
Malgré cela, on devine un vin puissant et fort.
PORTO GARRAFEIRA NIEPOORT 1952 (*****)
Couleur une peu brunie assez claire.
Arômes d’une complexité hors norme.
Le fruité de confiture de fraise est soutenu par des notes de noix, de nougat, d’écorce d’orange
et de kumquat avec une minéralité qui fait penser à un Manzanilla (Jerez).
Une touche d’acidité volatile augmente positivement les sensations.
Malgré la force dégagée, tout n’est que pure délicatesse.
Vin voluptueux avec une rondeur exquise.
Le soutient d’acidité est vivifiant et rafraîchissant.
C’est autant fin que dense.
La longueur est infinie.
Vin qui bénéficie d’un vieillissement positif, mais dont le jeunesse est à peine croyable.
PORTO GARRAFEIRA NIEPOORT 1950 (*****)
Couleur plus foncée que les autres, d’un brun qui part sur l’ambre.
Nez d’une finesse extrême avec une acidité volatile parfaitement maîtrisée qui rajoute de la dimension à l’ensemble.
De par le fruit si pur, on se croirait devant un grand Bourgogne.
Et pourtant la base semble très « confite » avec des notes de nougat.
La complexité est aussi là.
Vin extraordinaire qui allie puissance et délicatesse.
Glycérol et sucre sont totalement fondus.
L’acidité soutient parfaitement le tout.
L’alcool semble élevé mais il n’est là que pour donner encore plus de force et de densité.
Longueur infinie.
Une anthologie.
PORTO GARRAFEIRA NIEPOORT 1948 (*****)
Couleur brun ambré.
Les arômes partent sur des tertiaires fins mais racés: cuir, cire de parquet, champignons,
macérations d’herbes aromatiques, réglisse, iode…
Le vin est équilibré, délicat, subtil et complexe.
La petite douceur du fruit est accompagnée par des notes de bois noble et une touche fumée.
La finale est autant soutenue par l’acidité que par une amertume d’herbes qui fait penser à du vieux Vermouth.
Cette amertume est bien entendu ce qui donne une fraîcheur peu commune à l’ensemble.
PORTO GARRAFEIRA NIEPOORT 1940 (*****)
Couleur ambre limpide.
Arômes très complexes et élégants qui ne semblent pas atteints par les tertiaires.
On passe par toutes sortes de senteurs: confit de fruits exotiques (mangue, banane séchée),
livèche, nougat, cire de parquet.
On y trouve aussi le sucre brûlé ou sucre candi des très vieux Yquem (1869),
et encore le fameux rancio d’un Madeira Sercial.
Bien entendu, tout est renforcé par une grandiose acidité volatile.
C’est une perfection sans âge.
Le vin est onctueux mais ferme, avec une grande densité de fruit et de tannins.
Le soutien positif d’alcool est marquant.
Fabuleux sujet.
PORTO GARRAFEIRA NIEPOORT 1938 (*****)
Couleur ambre très limpide.
Nez d’une finesse extrême avec beaucoup de complexité: banane séchée, date, raisin de Corinthe,
vanille, café, chocolat…
Vin avec des rondeurs sensuelles du plus bel effet.
L’ampleur est incroyable, mais l’équilibre est parfait. Le sucre fait à nouveau penser
à un Yquem très vieux (1869).
Mais on y ressent aussi des notes qui le rapprochent du Rhum et du distillat de grain.
Un jus fantastique d’une longueur extrême.
PORTO GARRAFEIRA NIEPOORT 1933 (*****)
Couleur ambre clair.
Arômes complexes au possible avec un fruité extrêmement pur: pâte d’abricot, reine-claude,
crème pâtissière, caramel, nougat.
S’y rajoute des notes d’herbes aromatiques comme sur des vieux Vermouth et une touche
orangée qui rappelle le beau soleil toscan.
Vin parfait d’équilibre sur un fruité encore si jeune qu’il en paraît presque trop jeune!
On est, entre autres, sur le kumquat, la date et la figue.
L’alcool élevé semble décupler les merveilleuses sensations olfactives et gustatives.
Fabuleux sujet.
PORTO GARRAFEIRA NIEPOORT 1931 (*****)
Couleur ambrée.
Nez de grande complexité avec une race et une force incroyables.
Notes de fraise, de sucre candi, d’iode…
Vin concentré avec un sucre et un glycérol élevés compensés par une acidité exceptionnelle.
La jeunesse est infaillible.
L’ensemble semble reposer là, immuable, sans âge.
PORTO NOVIDADE
GARRAFEIRA PARTICULAR NIEPOORT 1990 (*****)
Une bouteille normalement pas mise sur le marché.
C’est un événement hors du commun que de pouvoir déguster ce qui semble être une
sorte de 11ème millésime de Garrafeira Niepoort « non déclaré ».
On n’a pratiquement aucun renseignement supplémentaire, sinon que le vin a été mis
dans les fameuses bonbonnes en 1992.
La couleur est rouge dense avec un aspect légèrement tuilé, un peu comme sur un Vintage.
Les arômes sont purs et denses, sur le kirsch.
Le vin a une petite douceur, moindre de celle d’un Vintage habituel.
Ce qui frappe, c’est la densité du jus qui impressionne le palais du début à la fin.
Très très long.
Cette bouteille a été dégustée avant les autres Garrafeira.
CONCLUSIONS ET COMMENTAIRES GENERAUX
– Cet événement restera dans les annales pour deux raisons au moins:
* Tout d’abord, et c’est le plus important, la qualité de l’ensemble a atteint des sommets rarement égalés.
On peut raisonnablement dire que plusieurs millésimes de Garrafeira sont des anthologies au même titre
qu’un Quinta do Noval Nacional 1931.
* Ensuite, c’est la première fois que les 10 millésimes de Garrafeira produits ont été dégustés ensemble.
– Niepoort a eu une idée de génie en « inventant » un moyen d’élevage totalement inédit.
– Ce système nommé « Garrafeira Niepoort » qui consiste en un élevage de quelques petites années en
tonneaux, puis de nombreuses années en « bonbonnes », aboutit à des résultats uniques et merveilleux
que l’on peut essayer de décrire:
a) les couleurs sont toujours magnifiques et limpides. Elles sont d’un très beau brun, plus ou moins clair
avec parfois de l’ambre.
b) la finesse égale toujours la force qui s’en dégage.
c) la complexité obtenue est parmi les plus grandes qui soient dans le monde du vin. Sont ainsi réunies
dans un seul et même Garrafeira les qualités que l’on retrouve dans plusieurs sortes de vins très différents
les uns des autres:
* le kirsch ample et fruité des grands Porto Vintage
* la noblesse d’un grand Bourgogne
* les confits de fruits des grands liquoreux
* le sucre candi ou sucre brûlé des Yquem anciens (1869 ou 1861)
* les amers des grands Vermouth anciens
* la salinité des Jerez Manzanilla
* le rancio des meilleurs Madeira
– On rajoutera trois autres éléments qui semblent aussi résulter du mode d’élevage:
* l’alcool élevé n’a pas d’autre conséquence que de rehausser les sensations
* le fruit garde une jeunesse et un tonus plus grands que sur tout autre vin
* l’aspect « intemporel » qui se dégage de ces crus est le même que celui qu’on éprouve lorsque l’on
boit un grand vin du 19ème siècle issu de vignes pré-phylloxériques
– Les vins ont été doublement décantés quelques heures avant l’événement.
Au moment de l’ouverture, ils étaient bien moins expressifs que lors de la dégustation.
– Vouloir donner une sorte de classement de préférence serait discriminatoire pour ceux que l’on ne
citerait pas. Mais, je peux raisonnablement dire que les plus jeunes, de 1977 à 1964, ne peuvent
pas encore impressionner autant que les plus anciens.
– Le 1952 représente le tournant qui nous fait passer aux anthologies qui ont eu le temps de
développer plus immensément leurs qualités. Les plus âgés ont chacun de quoi faire vibrer
fortement n’importe quel amateur.
– Je tiens à remercier ici mon ami Georges dos Santos, certainement le plus grand connaisseur de
Porto au monde, et la Maison BagheraWines, organe de vente aux enchères qui a le vin dans l’âme,
pour leur soutien lors de cette manifestation.