VERTICALE
4 décembre 2015
Restaurant – Bar à Vin Nobilis / Sion
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CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 2000 (*****)
Le nez est d’une grande pureté avec beaucoup de densité.
Le côté brioché avec de la chaume évoque bien le Chardonnay.
Très belle touche minérale noble.
En bouche, c’est droit et net avec une trame serrée. Le vin est concentré, vif et frais, doté d’une grande longueur.
La bulle est parfaite mais encore assez présente.
Sujet de haut vol, beaucoup trop jeune, qui nous propulse déjà au sommet qualitatif du Champagne.
CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 1998 (*****)
Arômes assez mûrs, très développés et complexes: amande, noisette, humus, paille, anis..
Le caractère est bien marqué.
Le vin est assez ample avec une bulle parfaite, mais toujours assez présente.
En bouche, il y a du volume et une forte présence. La structure est marquante.
La finale est heureusement rafraîchie par une acidité élevée, mais l’ensemble
est un peu plus lourd que sur le 2000.
Est-ce dû au dosage ou à la trop grande jeunesse du cru?
On est de toute façon en présence d’un grand sujet apte à défier les décennies.
CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 1996 (*****)
Le nez est empreint de noblesse et de pureté. Quelle classe!
On sent un floral printanier, tout en finesse, avec des notes de pêche blanche
En bouche, tout est parfaitement harmonieux.
La bulle est très fine et juste comme il faut.
Le vin est très racé avec une longueur incroyable.
La trame est serrée mais tout est pur et droit, sans lourdeur.
La finale est rehaussée subtilement par une acidité qui octroie
la fraîcheur la plus angélique.
Le gras qui enrobe les composantes du début à la fin est plus d
à un beau glycérol qu’au dosage et c’est génial.
On est entré dans l’exceptionnel de l’exceptionnel.
CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 1995 (?)
Bouteille un peu évoluée sur laquelle on ressent une petite oxydation
qui fait penser à un Jerez.La bulle est peu présente
On devine une base très concentrée.
Mais on n’est pas sur une bouteille représentative.
CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 1992 (*****)
Arômes de belle maturité qui restent fins et droits.
Le floral le plus délicat côtoie les fruits exotiques.
La densité est énorme malgré le côté « aérien ».
La bouche est parfaite à tous les niveaux.
Le fruit est resté très jeune, mais l’ensemble est anobli par l’âge.
L’équilibre entre le gras du glycérol et l’acidité est d’une perfection absolue.
Quel bonheur!
CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 1990 (*****)
Grande ampleur d’arômes rendus très complexes par l’âge: bois noble,
humus, brioche, craie, champignons…
La personnalité est impressionnante.
Grâce à la chair pulpeuse du fruit et au glycérol intense, la bouche
est volumineuse et sensuelle à l’attaque.
L’acidité finale est marquante. Elle donne un grand dynamisme à l’ensemble.
La longueur est exceptionnelle.
A boire dès maintenant, mais les années ne l’affaibliront pas avant longtemps.
CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 1988 (*****)
Arômes encore tout sur les fruits (citron, coing) avec une minéralité noble.
S’y rajoutent des notes de vanille et de caramel.
Malgré une grande jeunesse d’ensemble, une étonnante touche
de « sotolon » (Vin Jaune) se ressent.
La bouche est assez ronde à l’attaque.
On devine une matière puissante avec beaucoup de gras.
La finale est corsée et riche, même un peu pesante.
C’est comme si le sujet n’avait pas encore pu bénéficié du
développement bénéfique de l’âge.
CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 1986 (?)
Bouteille pas nette.
Il semble qu’il y a une évolution négative et peut-être un léger goût de bouchon.
CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 1985 (*****)
Arômes vivants et charmeurs.
Notes d’amande, de nougat et d’épices avec un fruité quasi confit.
C’est très noble aussi.
La bouche est riche et onctueuse.
A l’attaque, le vin semble avoir une petite douceur qui ne manque
pas de charme.
Mais c’est simplement un gras prononcé qui est ensuite soutenu
par une superbe acidité.
L’ensemble est d’une plénitude exceptionnelle.
Le plaisir procuré atteint des sommets.
CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 1982 (*****)
Au nez, tout semble aérien, même s’il y a de la densité.
C’est une véritable dentelle faite pour séduire.
La noblesse de sa naissance se ressent.
Il n’y a encore pratiquement aucun vieillissement:
on reste principalement sur les fruits (fraise des bois).
Le vin est parfaitement équilibré dès l’attaque, avec une chair sensuelle.
La vivacité de la finale et le fruité frais donnent un ensemble
d’une grande juvénilité.
Très grande longueur.
CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 1981 (*****)
La couleur est magnifiquement dorée.
Le nez est délicat (ou discret) avec une note boisée et le début
des arômes tertiaires (champignons).
Le vin est très gras à l’attaque et très vif en finale.
Une petite amertume que l’on n’a pas sentie sur les autres
millésimes vient soutenir l’ensemble.
Grand Champagne de haute expression, basé sur l’équilibre
et la personnalité plus que sur la corpulence.
CHAMPAGNE KRUG CLOS DU MESNIL 1979 (*****)
Couleur magnifiquement dorée.
Les extraordinaires arômes nous transportent en Bourgogne dans
les plus grands terroirs (Montrachet).
L’évolution n’a fait que de renforcer et de complexifier ce qui était déjà grand au départ.
On sent ce fameux beurre fondu avec de la noisette des Chardonnay de grand style.
Le fruité presque confit, mais pas compoté, est accompagné par des épices orientales.
La noblesse est au plus haut niveau.
L’attaque de bouche est onctueuse et douce, mais ce n’est pas du sucre proprement dit.
C’est plutôt une chair voluptueuse faite pour vous envoûter.
Ce velours est bien entendu rehaussé par une acidité citronnée et mentholée
qui vivifie l’ensemble.
Le fruit est toujours jeune, mais on y ressent un épanouissement que seul l’âge procure.
La bulle est là, parfaite, mais elle ne ressemble en rien à celle des Champagne
ordinaires. Elle existe sans donner une sensation d’effervescence. Elle est en
symbiose totale avec le vin.
Même si tout est d’une finesse extrême, la corpulence et le volume sont là.
La longueur est digne du reste, c’est tout dire.
Un Champagne d’anthologie, pour de nombreuses années encore.
CONCLUSIONS ET AUTRES COMMENTAIRES
– De toute ma carrière, ce fut la plus angoissante des dégustations.
Lorsque j’ai ouvert les bouteilles environ quatre heures avant le grand moment,
toutes, à part les 2000 et 1998, semblaient vieillies et dépassées. Les arômes
ne semblaient pas spécialement nets. Je me suis dit que les bouteilles étaient de
mauvaises provenances et que l’événement prévu si extraordinaire serait en fait
catastrophique. J’étais prêt à rembourser les participants qui venaient pour jouir
de ce qu’il y a de plus exceptionnel dans le Champagne.
Ce n’est qu’au fil de la soirée que j’ai remarqué combien un grand Champagne
a besoin, tout comme un Barolo de Giacosa, d’être « préparé ». Tout est rentré
dans l’ordre miraculeusement et ce fut le soulagement.
– Krug, en sortant de la direction donnée dès 1843, reposant sur les assemblages,
a eu la main heureuse en basant un cru sur un terroir d’exception. Les vins ont
tous une ligne commune mais sont tous différents grâce aux particularités,
surtout climatiques, des millésimes.
– La ligne commune repose sur plusieurs aspects. La base est du vrai vin avec une
structure et une personnalité marquantes. Tous les millésimes ont on potentiel de
vieillissement hors du commun et s’améliorent fortement avec l’âge. Un autre sujet
d’émerveillement est l’effervescence. La bulle est toujours fine et semble faire partie
intégrante du « liquide ». La bouche ne ressent pas ce que l’on trouve habituellement,
c’est-à-dire une bulle qui donne de l’effervescence à du vin. Ici, la bulle est un élément
comme intrinsèque au vin. Il va de soi que l’âge embellit le fait. Le 1979 en représente
l’aboutissement le plus parfait.
– Le terroir et le savoir-faire ayant octroyé les qualités communes décrites ci-dessus
a aussi engendré chaque année des merveilles douées de leurs propres particularités.
Là, les préférences de chacun entrent plus en ligne de compte.
– Pour moi, les 2000 et 1998 sont juste nés. Si le choix est donné, il faudrait les
attendre pour qu’ils épanouissent les qualités qui vont donner ce cru d’exception
qu’est le Krug Clos du Mesnil. Je préfère à l’heure actuelle le 2000 pour son côté
frais et pur. Mais vous imagninez bien que ce n’est pas ça que l’on va rechercher
dans un Clos du Mesnil.
– Dès le millésime 1996, on entre dans le vrai Clos du Mesnil. Celui-ci est racé et
semble atteindre déjà une sorte de perfection d’équilibre des composantes.
– 1992 est une dentelle séduisante, un sommet de pureté, alors que le 1990 est
marqué par la force et une personnalité hors norme.
– Le côté puissant et riche, pas encore abouti du 1988 est le pendant du charme
et de la plénitude du 1985.
– La noblesse et la jeunesse sont l’apanage du 1982; la délicatesse et la plénitude
des composantes le sont du 1981.
– Le 1979 semble réunir toutes les qualités des précédents. C’est évidemment
pour moi le plus marquant. Est-ce le millésime qui le veut ou l’âge qui lui donne
cette sorte d’avantage? Je ne le sais pas. Il faut dire que les vins ont été bus du plus
jeune au plus vieux. Le 1979 présente donc une sorte d’aboutissement bienheureux.
A contrario, la dernière fois que je l’ai bu, comme il venait juste après un Champagne
1906 extraordinaire, il semblait aussi peu abouti que le 2000 de cette série. Ceci
démontre encore une fois que la dégustation n’est pas une affaire
de « comptage de points ». Quel malheur si on en reste là!
– La série de ces douze millésimes de Clos du Mesnil fut un moment d’anthologie,
même si deux bouteilles (1995 et 1986) étaient déficientes.
– Le niveau de ce cru me semble inégalé en Champagne…comme ailleurs bien entendu.