Bordeaux Magnums & Repas
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Four Seasons Hôtel des Bergues & Christie’s
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Restaurant Il Lago
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Genève 16 novembre 2009
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ROEDERER CRISTAL 2002 (****)
Arômes intenses, racés et jeunes.Le vin a une bulle fine et intense. Le fruit est vif et jeune avec beaucoup d’élégance. Il s’exprime en ce moment avec fougue et parvient parfaitement pour éveiller les papilles à l’apéritif. Sa fantastique base est cependant suffisante pour en faire un grand Champagne dans le futur. |
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CHÂTEAU COS D’ESTOURNEL 1996 (***) Nez de fruits rouges concentrés avec une note iodée. Le boisé est discret, souligné par une touche de tabac et de réglisse. On sent un vin « moderne » suivi parfaitement à tous les niveaux. A l’attaque, le vin est assez strict: les tannins serrés sont encore beaucoup trop jeunes. On ressent plus l’élevage au palais qu’au nez. Vin à attendre impérativement pour qu’il exprime mieux ses remarquables qualités. |
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CHÂTEAU ANGELUS 1990 (*****) Arômes élégants très développés et exubérants, dans l’exotisme. On y retrouve des notes de bois de cèdre. Le vin est concentré. Il s’exprime sur la rondeur, avec une chair souple et voluptueuse. C’est l’archétype du St-Emilion fait pour plaire. Son équilibre et sa structure lui assurent un bel avenir. |
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CHÂTEAU MARGAUX 1986 (*****) Les arômes sont vraiment dans la noblesse, avec de l’ampleur. L’élégance est là malgré une touche « cuir-animal ». Le vin est concentré, avec un fruit dense et serré. L’acidité donne un tonus remarquable à l’ensemble. Cette bouteille n’a quasi pas encore développé d’arômes ou de goûts tertiaires. C’est le plus beau Margaux 1986 que j’aie dégusté. |
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CHÂTEAU LEOVILLE-LASCASES 1982 (****) Les arômes expriment un fruit mûr de récolte mais d’une jeunesse étonnante. Il s’en dégage une pureté extrême. Le vin est donc tout dans le fruit vif et frais, très dense. Encore une fois, ce vin se montre hors de la ligne habituelle des 1982. Je ne sais pourquoi, mais je n’arrive pas à lui accorder la plus haute note. C’est peut-être parce qu’il n’a pas encore pu atteindre la complexité qu’apporte le vieillissement lorsque le vin est bien né. |
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CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1975 (*****) Le nez est une pure dentelle avec un aspect exotique et sensuel. Le fruit rouge bien mûr est accompagné par un boisé oriental du plus bel effet. Le vin est charnu et velouté. Comme dans tout grand millésime de Cheval Blanc, le vin reste vif et frais malgré la maturité extrême du fruit. La majestueuse finale est marquée par une touche iodée et par des tannins nobles. Ce vin est un cadeau pour le palais d’un épicurien. |
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CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1964 (*****) Les arômes de fruits rouges bien mûrs (fraise) s’accordent parfaitement avec les notes tertiaires d’humus et de champignons. Le vin est soyeux. Il est marqué par son époque: c’est une nature expansive et attachante. Le développement des composantes est maximal. On sent une certaine délicatesse car il n’a pas la même structure que le 1961 mais l’acidité élevée lui donne beaucoup de présence en finale. C’est un très grand millésime de Cheval Blanc, absolument charmeur. |
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CHÂTEAU AUSONE 1955 (*****) Au nez, on devine une grande et belle personnalité. Les arômes sont très complexes: fruit noirs, bois de cèdre, vanille…. Le vin est velouté à l’attaque. A l’évolution, on sent une trame serrée et le style « austère » habituel du cru. Les tannins sont très nobles, sur une finale iodée et mentholée d’une grande pureté et d’une longueur impressionnante. Un grand millésime d’Ausone. |
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CHÂTEAU MONTROSE 1947 (***) Couleur rouge peu dense mais magnifique. Arômes amples de fruits surmûrs mais pas compotés. On y retrouve une certaine délicatesse malgré le style opulent du millésime. Notes de cuir, mais aussi une touche orangée qui rappelle la Toscane. Le vin est suave au possible, mais il est aussi marqué par une acidité volatile élevée. C’est une grande nature qui, bien que très plaisante, est prétéritée par un certain déséquilibre. |
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CHÂTEAU D’YQUEM 1990 (****) Couleur or dense. Le nez est très pur et indique une récolte parfaitement passerillée. Notes de crème fouettée, de confits d’abricots et de zeste d’orange. Vin d’équilibre avec une douceur bien présente mais compensée par la concentration du fruit et par son acidité. Grand Yquem encore beaucoup trop jeune. |
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CONCLUSIONS
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– Le Cristal Roederer 2002 est un classique de cette cuvée au niveau de la pureté et de la densité. Il développera ampleur et complexité avec l’âge.
– Cos d’Estournel 1996 doit prendre du temps pour harmoniser ses composantes. – L’Angelus 1990 a déjà tout pour plaire. C’est un millésime marquant de ce cru. – La bouteille de ce Margaux 1986 était absolument parfaite. J’y ai ressenti toutes les qualités que ce terroir peut développer dans les grandes années. – Le Léoville-Lascases 1982 est un vin à part. Pour certains, c’est un des plus grands vins du millésime. Mais il n’arrive toujours pas à m’enthousiasmer. – Cheval Blanc 1975 et Cheval blanc 1964 sont de grands millésimes. Ils offrent toujours ce déploiement de vagues fruitées et sensuelles que désirent les amoureux de ce cru. Le plus âgé préfigure bien ce que deviendra le plus jeune. – Sans faire de bruit, Ausone a élaboré de très grands millésimes dès les années cinquante: 1953, 1955, 1959, 1961 et 1964. Il a peut-être fallu attendre quatre décennies pour qu’ils se révèlent enfin à ce très haut niveau. Cet Ausone 1955 est vraiment passionnant. – Montrose 1947 représente plus le style du millésime que le style du cru. Quand la nature a été bienveillante, elle a produit des vins mythiques (Cheval Blanc, Lafleur, Pétrus,…), mais ses excès climatiques ont aussi rendu la réussite de certains crus difficile. – Yquem 1990 entre dans les grandes réussites du cru, mais son règne n’est de loin pas encore arrivé. |